Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/392

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des Franciscains, hors d’Arezzo, il peignit, dans une chapelle, un Christ, très beau, qui prie la nuit dans le jardin des Oliviers[1]. Il exécuta encore, à Pérouse, plusieurs ouvrages, qu’on voit encore maintenant, comme le tableau en détrempe[2] de l’église des religieuses de saint Antoine de Padoue, qui représente la Vierge tenant l’enfant Jésus, entre quatre saints ; à savoir, saint François, sainte Elisabeth, saint Jean-Baptiste, et saint Antoine de Padoue ; au-dessus, on voit une Annonciation, avec un ange vraiment céleste et une riche colonnade en perspective, et sur la prédelle, saint Antoine ressuscitant un enfant, sainte Élisabeth sauvant ùn enfant tombé dans un puits et saint François recevant les stigmates. Dans l’église San Ciriaco d’Ancone, il fit, à l’autel de saint Joseph, une admirable peinture représentant le mariage de la Vierge[3].

Il avait coutume de faire des maquettes en terre et de les recouvrir de draperies souples en faisant une infinité de plis qu’il copiait et dont il se servait dans ses peintures. Les ouvrages qu’il laissa inachevés, à sa mort, furent conduits à fin par son élève, Lorentino d’Angelo, qui imita sa manière et fit une foule de tableaux à Arezzo, sa patrie. Deux autres de ses disciples furent Luca Signorelli da Cartona, qui lui fit plus d’honneur que tous les autres, et Piero da Castel della Pieve.

Piero Borghése[4], dont les œuvres datent de 1458 environ, devint aveugle à l’âge de 60 ans à la suite d’un catarrhe et vécut encore 26 ans. Il laissa de nombreux biens, dans le Borgo, et quelques maisons, qu’il avait construites pour lui, et qui furent ou brûlées ou détruites en 1536, pendant les troubles. Il fut enterré dans la grande église, qui appartenait, autrefois, à l’ordre des Camaldules et qui est aujourd’hui l’évêché. La plupart de ses livres sont actuellement dans la bibliothèque de Frédéric II, duc d’Urbin ; ils ont justement valu à leur auteur la réputation du meilleur géomètre de son temps.


 

  1. N’existe plus.
  2. Actuellement à la Pinacothèque. Mais Vasari fait erreur : la prédelle ne porte que les demi-figures de sainte Agathe et de sainte Rose.
  3. N’existe plus.
  4. Dans son testament de 1487, il se dit essendo sanus mente, intellectu et corpore. On lit dans le Livre des Morts de Borgo San Sepulcro : Maestro Pietro di Benedetto de Franceschi, pittore famoso a di 12 ottobre 1492, sepolto in Badia [aujourd’hui la Cathédrale]. Il mourut à 76 ans.