Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 01.djvu/87

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qui sont sur le petit dessin et en les agrandissant à proportion. S’il y a des perspectives ou des édifices, on les agrandit au moyen du quadrillage, qui est une division du carton et du dessin en petits carrés, plus grands sur le carton, et qui reporte exactement toute chose. Celui qui a tracé sur le petit dessin les perspectives, extraites d’un plan et dressées à l’aide d’un profil, puis mises en place par l’intersection des lignes et la recherche des points, en sorte qu’elles aillent en diminuant et en fuyant, devra les reporter ensuite, avec leurs proportions, sur le carton. Mais je ne parlerai pas autrement du mode de tracer les perspectives, parce que c’est une chose fastidieuse, et difficile à faire comprendre. Qu’il suffise de dire que les perspectives sont d’autant plus belles qu’elles se montrent plus justes à la vue, qu’elles s’éloignent mieux de l’œil en fuyant et qu’elles sont mieux composées, avec un ordre magnifique et varié de bâtiments. Il faut donc que le peintre ait l’attention de les faire diminuer à proportion, avec la douceur des couleurs, laquelle est une simple discrétion de leur emploi et un jugement droit. On en fera preuve quand, après avoir tracé tant de lignes confuses que l’on tire du plan, du profil et de l’intersection, on les recouvrira de couleur, et que l’on aura une œuvre qui, étant pleine d’aisance, fasse passer son auteur pour instruit, connaissant bien et pratiquant de même son art. Beaucoup de maîtres ont aussi l’habitude, avant d’exécuter le carton de leur sujet, de faire un modèle en terre sur une surface plane, avec toutes les figures en ronde-bosse, pour se rendre compte de la projection des ombres provenant d’une lumière qui éclaire les figures et qui représente celles du soleil, celui-ci donnant cependant sur le sol des ombres beaucoup plus vigoureuses que la lumière sur la surface plane. Quoi qu’il en soit, en reportant ces ombres sur le carton, on obtient une image de la réalité. Il en résulte que les cartons et l’œuvre elle-même, grâce à ces recherches, restent plus poussés en force et en perfection, qu’ils se distinguent du petit dessin par le relief, enfin que l’ensemble est plus beau et infiniment plus terminé. Quand on emploie les cartons pour la fresque, ou la peinture sur mur, chaque jour on en coupe un morceau, et on le décalque sur le mur enduit de la préparation voulue, et soigneusement dressé. On place ce morceau de carton sur l’enduit du mur que l’on veut peindre, et l’on a soin de faire une marque pour que, le jour suivant, si l’on veut y juxtaposer un autre morceau, on le mette à sa place exacte, sans commettre d’erreur. Ensuite, en suivant les contours avec une pointe, on décalque sur l’enduit du mur qui, étant frais, colle au papier et reste marqué. Enlevant ensuite le carton