de couleurs siccatives, telles que la céruse, l’ocre et d’autres terres, mélangées ensemble et formant une seule couleur. Quand la colle est sèche, on enduit le tableau, et on le frotte avec la paume de la main, pour étendre et égaliser parfaitement l’enduit : c’est ce que quelques-uns appelle l’imprimure. Après avoir étendu cet enduit ou cette couleur sur tout le tableau, on y applique le carton qu’on a précédemment fait, avec les figures et les inventions qu’on a imaginées. Entre ce carton et le tableau, on pose une feuille passée au noir d’un côté, c’est à dire de celui qui s’applique sur l’enduit. Puis, les ayant fixés avec de petits clous, on prend une pointe de fer, d’ivoire ou de bois dur, et l’on suit tranquillement les lignes tracées sur le carton. En opérant ainsi, on n’abîme pas le carton, et toutes les figures sont profilées sur le panneau ou le tableau, tout ce qui est sur le carton se décalquant sur le tableau. Celui qui ne voudrait pas faire de cartons dessinerait avec de la craie de tailleur sur l’enduit, ou avec du saule carbonisé, parce que l’un et l’autre s’effacent, et que les dessins se corrigent facilement. Ainsi l’on voit que, l’enduit étant sec, l’artiste, ou en décalquant son carton, ou en dessinant avec de la craie de tailleur, esquisse son tableau, ce que quelques-uns appellent mettre en train. Quand il l’a entièrement esquissé, il met tous ses soins à le terminer, et il se sert de toutes les ressources de son art pour l’amener à perfection. C’est ainsi que les Maîtres exécutent leurs peintures à l’huile.
Chapitre VIII. — De la peinture à l’huile sur un mur sec.
Quand les artistes veulent peindre à l’huile sur un mur sec, ils
peuvent opérer de deux manières : ou le mur a été blanchi soit à la
fresque, soit d’une autre façon, et il faut le gratter ; ou bien il est resté
lisse sans être blanchi, simplement crépi. Dans ce cas, on le couvrira
de deux ou trois couches d’huile bouillie et cuite, en continuant d’en
remettre jusqu’à ce que le mur ne veuille plus en absorber. Le mur une
fois sec, on y met l’enduit ou l’imprimure, comme il a été dit dans le
chapitre précédent. Cela fait et le mur bien sec, les artistes peuvent
décalquer ou dessiner dessus, et conduire l’œuvre à fin, comme s’il
s’agissait d’un tableau. Il faut continuellement mélanger aux couleurs
un peu de vernis, pour n’avoir pas à vernir l’œuvre, quand elle est
terminée. Dans le premier cas, l’artiste fait un crépi soigné, composé
ou de stuc de marbre, ou de brique finement pilée, et il le râcle avec
le tranchant de la truelle, pour que le mur n’offre pas d’aspérités. Il le
couvre ensuite d’une couche d’huile de graine de lin, et il fait dans un