une loggia de son palais, connu aujourd’hui sous le nom de Chigi in Trastevere[1], dans une très douce manière, Galathée sur la mer, sur un char tiré par deux dauphins et entouré de tritons et d’une foule de dieux marins[2]. Raphaël ayant donc fait le carton pour cette chapelle, qui est à l’entrée de Santa Maria della Pace, à main droite en entrant par la porte principale, la peignit à fresque dans une nouvelle manière plus magnifique et plus grande que sa première. Il fit entrer dans cette composition, avant que la chapelle de Michel-Ange, qu’il avait cependant vue, ne fût livrée au public, des Prophètes et des Sibylles[3] qui sont considérés comme la meilleure et la plus belle de tant d’œavres qu’on lui doit ; on remarque dans les femmes et les enfants une grande vivacité et un coloris parfait. Il fit ensuite, à la prière d’un camérier du pape Jules II, le tableau du maître-autel d’Ara Cœli, sur lequel il représenta la Vierge portée sur des nuages, au milieu d’un admirable paysage, saint Jean, saint François et saint Jérôme, qu’il a peint sous la figure d’un cardinal[4]. La Vierge a ce caractère d’humilité et de modestie qui est vraiment celui de la mère du Christ, et l’enfant, dans une belle attitude, joue avec son manteau ; on découvre, en outre, dans la figure de saint Jean-Baptiste, les traces du jeûne qu’il s’impose comme pénitence ; ses traits laissent éclater la sincérité d’esprit et la franchise propres à ceux qui, vivant loin du monde, le méprisent, ou qui ne s’y montrent que pour flétrir le mensonge et proclamer la vérité. Saint Jérôme a la tête levée et les yeux tournés vers la Madone, dans une attitude contemplative ; on y lit la science et la sagesse dont il a donné des preuves dans ses écrits ; il a posé ses deux mains sur le camérier, ayant l’air de le recommander. Le portrait de ce dernier est si vivant, qu’on ne dirait pas que c’est une peinture. Raphaël ne manqua pas d’en faire autant dans la figure de saint François ; à genoux, avec un bras étendu et la tête levée, il regarde la Vierge, brûlant d’amour, comme le montre bien la peinture, par le dessin et le coloris ; on voit qu’il se sent ranimé et consolé par le regard plein de mansuétude de la Mère, par la vivacité et la beauté du Fils. Au milieu du tableau et au-dessous de la Vierge, Raphaël a représenté un enfant debout, qui lève la tête vers elle et tient un
- ↑ Ou la Farnésine, construite de 1509 à 1510.
- ↑ Existe encore, mais en mauvais état ; peinte vers 1514.
- ↑ Existent encore. Les Sibylles seules sont de la main de Raphaël ; Timo teo Vitt fit les Prophètes sur les dessins de Raphaël.
- ↑ Madone de Foligno, à a Pinacothèque du Vatican, peinte pour Sigismond Conti.