temps de la peste et ayant laissé aux religieuses une œuvre qui peut lutter avec les meilleures qui aient été faites de nos jours, il revint à Florence et peignit sur un tableau, pour son intime ami Bicchieraio da Gambassi, la Vierge avec l’Enfant Jésus dans les airs, et, au dessus, quatre saints[1] ; sur la prédelle, il plaça le portrait de Bicchieraio et de sa femme. Zanobi Bracci lui demanda aussi, pour une chapelle de sa villa de Rovezzano, un très beau tableau de la Vierge allaitant son Enfant, avec un saint Joseph[2] ; ces figures ont tant de relief qu’elles paraissent se détacher du tableau, qui est aujourd’hui chez Messer Antonio Bracci, fils de Zanobi. À la même époque, Andrea fit encore, dans la cour dello Scalzo, deux autres histoires représentant l’Apparition de l’Ange à Zacharie dans le temple, et la Visitation de la Vierge, belle à merveille.
Lorsque Frédéric II, duc de Mantoue, traversa Florence pour aller se présenter à Clément VII, il vit, au-dessus d’une porte du palais Médicis, le célèbre portrait de Léon X, peint par Raphaël, où ce pape est représenté entre le cardinal Jules de Médicis et le cardinal de’Rossi. En homme qui appréciait de si belles peintures, il désira vivement l’avoir en sa possession ; aussi, quand il fut arrivé à Rome, le demanda-t-il en don au pape, qui le lui accorda gracieusement. On écrivit donc à Ottaviano de’Medici, qui avait sous sa tutelle Hippolyte et Alexandre, de le faire mettre en caisse et de l’expédier à Mantoue. Cette chose déplut infiniment au magnifique Ottaviano, qui ne voulait pas priver Florence d’une pareille peinture, et s’étonna que le pape y eût renoncé si facilement. Néanmoins, il répondit qu’il ne manquerait pas de servir le duc. mais que le cadre étant mauvais, il en faisait faire un neuf, et qu’aussitôt qu’il serait doré il enverrait le portrait à Mantoue, ce qu’il faisait pour ménager, comme on dit vulgairement, la chèvre et le chou. Il fit appeler secrètement Andrea, lui raconta ce qui se passait et lui dit qu’il n’y aurait d’autre remède que de faire une copie aussi exacte que possible et de l’envoyer au duc, à la place de l’original, que l’on tiendrait soigneusement caché. Andrea promit de faire ce qui serait en son pouvoir, et se pourvut d un panneau complètement semblable en grandeur et dans toutes ses parties, qu’il peignit en secret chez Ottaviano. Il reproduisit tout[3], et jusqu’aux