Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/224

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Pour Lanfredino Lanfredini, il bâtit une maison[1] le long de l’Arno, entre le Ponte a Santa Trinità et le Ponte alla Carraia ; il commença ensuite, sur la Piazza de’ Mozzi, la maison des Nasi, qu’il ne termina pas[2]. La belle et commode habitation des Taddei est également de lui[3]. Il donna à Pierfrancesco Borgherini les dessins de la maison que celui-ci construisit au Borgo Sant’Apostolo[4], et dans laquelle on remarque la richesse des ornements des portes et la beauté des cheminées. Baccio y sculpta, pour l’ameublement d’une chambre, des coffres en noyer couverts de petits enfants, d’un fini que personne aujourd’hui ne serait capable d’égaler. Il fournit de plus les plans de la magnifique villa que Borgherini éleva sur la colline de Bellosguardo[5] ; pour Giovan-Maria Benintendi, une antichambre et des cadres d’ornement pour des tableaux de maîtres excellents. Il fut le modèle de l’église San Giuseppo da Santo Nofri et éleva la porte qui fut sa dernière œuvre. Il présida à la construction du campanile de Santo Spirito, à Florence, mais il n’en vit pas l’achèvement ; le duc Cosme a ordonné, de nos jours, de le terminer sur le dessin de Baccio. On lui doit aussi le campanile de San Miniato al Monte[6], qui ne put pas être détruit par l’artillerie du prince d’Orange pendant le siège de Florence, et dont la renommée est due autant au mal qu’il causa aux ennemis, qu’à la bonté et la beauté que Baccio sut mettre dans sa construction.

Grâce à son mérite et à l’amitié que lui portaient ses compatriotes, Baccio, ayant été nommé architecte de Santa Maria del Fiore, donna les dessins de la galerie extérieure qui fait le tour de la coupole que la mort de Filippo Brunelleschi avait fait laisser de côté, bien qu’il en eût fait les dessins aujourd’hui perdus, à cause de l’incurie des fabriciens. Baccio, ayant donc refait le dessin et le modèle de cette galerie, fit exécuter toute la partie qui se trouve face au Canto de’Bischeri[7] ; mais Michel-Ange Buonarroti, à son retour de Rome, voyant qu’on a abattait les pierres d’attente laissées à dessein par Brunelleschi, fit tant de bruit que l’on arrêta les travaux. Il lui semblait, disait-il, que Baccio avait fait une cage à grillons, que cette immense masse de la coupole demandait une chose plus grande, faite sur un autre dessin, avec plus

  1. Palais Corboli.
  2. Palais Torrigiani.
  3. Palais Pecori Giraldi, via de’ Ginori.
  4. Qui appartient aujourd’hui à la famille Rosseti.
  5. Appartenant à la famille Castellani.
  6. Commencé le 6 février 1524, non terminé.
  7. Aujourd’hui, via del Proconsolo.