Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/247

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diverses fantaisies. Le premier représente la Patience montée sur un char et tenant un étendard sur lequel est une rose entourée d’épines. Dans le deuxième, on voit, sur une enclume, un cœur ardent frappé par trois marteaux : le char est traîné par le Désir, dont les épaules sont garnies d’ailes, et par l’Espérance, qui porte une ancre ; derrière le char marche, captive, la Fortune avec sa roue brisée. Le troisième Triomphe montre le Christ armé de l’étendard de la croix et de sa Passion ; sur les côtés sont les Évangélistes personnifiés par des animaux : ce char est tiré par deux agneaux et, derrière lui, marchent quatre prisonniers, savoir : le Démon, le Monde ou la Chair, le Péché et la Mort. Isaac nu, monté sur un chameau, et tenant une bannière couverte de chaînes de prisonniers, tel est le sujet du quatrième Triomphe ; derrière Isaac, on aperçoit l’autel avec le bélier, le couteau du sacrifice et le feu. Dans le cinquième Triomphe, Joseph, monté sur un bœuf couronné d’épis et de fruits, tient un étendard orné d’une ruche d’abeilles ; il est suivi de la Colère et de l’Envie, occupées à dévorer un cœur. Dans le sixième Triomphe, on reconnaît David monté sur un lion et tenant une harpe et un étendard où est figuré un frein ; derrière David s’avancent Saul et Semei, avec la langue hors de la bouche. Le septième Triomphe est celui de Tobie, dont la monture est un âne ; sur son étendard est une fontaine et, derrière lui, la Pauvreté et la Cécité sont enchaînées, comme des prisonniers. Dans le dernier Triomphe, saint Etienne, protomartyr, est porté par un éléphant ; sur son étendard est représentée la Charité, et les captifs qui le suivent sont ses persécuteurs. Toutes ces ingénieuses fantaisies ont été gravées par Jérôme Cock, dont la main est aussi ferme que hardie. Il grava encore avec talent la Fraude et l’Avarice, une belle Bacchanale avec des enfants qui dansent, et Moïse passant la mer Rouge, comme l’avait peint le Florentin Agnolo Bronzino[1], dans la chapelle supérieure du palais du duc de Florence. En concurrence de lui, Giorgio de Mantoue exécuta une très belle Nativité du Christ, d’après le dessin du Bronzino. À peu de temps de là, Jérôme Cock grava, pour celui qui les avait composées, douze planches contenant des victoires, des batailles et des faits d’armes de l’empereur Charles-Quint. Il publia ensuite vingt feuilles de divers édifices pour le Verese[2], peintre et perspectiviste habile ; pour Jérôme Bosch, un saint Martin avec une barque pleine de démons fantastiques, et l’Histoire d’un alchimiste qui, ayant jeté tout son avoir

  1. Cette peinture existe encore dans le Palais de la Seigneurie.
  2. Nom altéré ; peintre inconnu. Peut-être est-ce Jan Cornelius Vermeyen ?