Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/25

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palais de Sant’Apostolo[1]. Peu de temps après, c’est-à-dire l’an 1484, Innocent VIII, de Gênes, lui fit peindre quelques salles et loges dans le palais du Belvédère[2] ; entre autres choses et comme le voulut le pape, il orna de paysages toute une loge, parmi lesquels il introduisit les vues de Rome, de Milan, de Gênes, de Florence, de Venise, de Naples, à la manière des Flamands, ce qui plut par sa nouveauté. Dans le même endroit, il fit à fresque une Vierge, à l’entrée principale. À Saint-Pierre, dans la chapelle où l’on conserve la lance qui perça le côté du Christ, il peignit, sur un tableau en détrempe et pour le pape Innocent VIII, une Vierge plus grande que nature[3]. À Santa Maria del Popolo, il peignit deux chapelles, l’une[4] pour Domenico della Rovere et l’autre pour Innocenzio Cibo ; ces deux cardinaux sont enterrés dans leurs chapelles et y ont leurs portraits, de la main de Pinturicchio. Dans le palais du pape, il peignit quelques chambres qui donnent sur la cour Saint-Pierre, dont les plafonds et les peintures ont été renouvelées, il n’y a pas longtemps, par le pape Pie IV. Alexandre VI lui fit peindre aussi tous les appartements qu’il occupait dans le palais papal[5], ainsi que la tour Borgia. Dans une salle de cette tour, il figura les Arts libéraux et couvrit les voûtes de stucs et de dorures. Comme on ne connaissait pas alors les procédés que l’on emploie aujourd’hui pour travailler le stuc, la plupart ces ornements sont en très mauvais état. Au-dessus d’une porte, il représenta la signora Giula Farnèse sous les traits de la Vierge, devant laquelle est en adoration le pape Alexandre.

Il se servit beaucoup dans ses peintures d’ornements dorés en relief pour satisfaire ceux qui ne s’entendaient pas aux choses de l’art, et donner à ses œuvres une apparence plus éclatante, ce qui est absurde en peinture. Ainsi, ayant fait dans ces salles une histoire de sainte Catherine, il mit en relief les arcs de Rome, il peignit les figures, de sorte que ces monuments, au lieu de fuir sur le dernier plan, viennent plus en avant que les figures peintes derrière lesquelles ils se trouvent, ce qui est une grande hérésie dans notre art. Il couvrit de grotesques une foule de salles du château Saint-Ange[6], et dans la grosse tour du jardin il peignit divers sujets tirés de la vie du pape Alexandre.

  1. Ces peintures n’existent plus.
  2. Plafond du Musée Pio Clementino.
  3. Ces deux Vierges n’existent plus.
  4. Existe encore ; les peintures de la chapelle Cibo n'existent plus.
  5. Toutes ces fresques existent encore, 1493-1498. Pinturicchio peignit deux fresques dans la chapelle Sixtine.
  6. Ces peintures n’existent plus.