Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/275

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glorifiant ainsi la mémoire de leur illustre concitoyen, autant qu’ils ont été honorés par lui[1].

Sebastiano reproduisit ensuite les traits d’Andrea Doria[2], tableau qui est une œuvre admirable, dans le même genre, et la tête de Baccio Valori, Florentin[3].

À cette époque, Fra Mariano Feti, chargé de l’office du Plomb, étant mort, Sebastiano se rappela la promesse que lui avait faite l’évêque de Varson, intendant de la maison de Sa Sainteté, et demanda le Plomb. Jean d’Udine le demandait en même temps, ayant servi Sa Sainteté in minoribus, et la servant encore ; le pape se rendant aux prières de l’évêque et reconnaissant le mérite de Sebastiano, décida que celui-ci aurait la charge, mais qu’il payerait à Jean d’Udine une pension de 300 écus[4]. Sebastiano prit donc l’habit, et changea immédiatement d’esprit ; se voyant en situation de satisfaire ses désirs, sans avoir à peindre, il se livra au repose, se remettant des mauvais jours et des mauvaises nuits qu’il avait passés à travailler ; quand il avait à faire quelque chose, il se soumettait au travail en souffrant, au point qu’il lui paraissait aller à la mort.

Il exécuta péniblement, depuis cette époque, pour le patriarche d’Aquilée[5], un Christ portant sa croix, peint sur pierre[6], en demi-figure seulement. Ce tableau fut très estimé, surtout pour la tête et les mains, car dans ces parties il était vraiment excellent. Peu de temps après, la nièce du pape[7], qui devint plus tard et est encore reine de France, étant venue à Rome, Sebastiano commença son portrait[8], mais ce tableau, non terminé, est resté dans la garde-robe du pape. Le cardinal Hippolyte de Médicis, qui s’était épris de la signora Giulia Gonzaga, qui demeurait alors à Fondi, envoya Sebastiano, avec une escorte de quatre cavaliers faire son portrait[9], qui fut terminé en un mois, et qui, soit par la beauté céleste de cette dame, soit par le talent du peintre, est un ouvrage vraiment divin. Cette peinture fut ensuite envoyée au roi François 1er, qui la fit placer dans son palais de Fontainebleau.

  1. Ce portrait est toujours au Palais Communal.
  2. Au Palais Doria, à Rome.
  3. Tableau perdu.
  4. En 1531.
  5. Domenico Germani.
  6. Actuellement à l’Escurial.
  7. Catherine de Médicis.
  8. Portrait perdu.
  9. Actuellement en Angleterre, au château de Longfort, appartenant à lord Radnor.