Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/278

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que, à cause de son agréable conversation, sa perte fut très sensible pour ses amis et également pour les artistes.



 

PERINO del VAGA
Peintre florentin, né en 1500, mort en 1547

Né de parents pauvres, abandonné par eux dès son premier âge, Perino del Vaga n’eut d’autre guide, d’autre soutien que le talent ; il cultiva la peinture avec une telle ardeur, qu’il lui fut permis de produire ces œuvres d’ornement qui ont valu tant de gloire à la ville de Gênes et au prince Doria. Mais venons-en plus particulièrement à sa naissance. Il y avait à Florence un certain Giovanni Buonaccorsi, jeune homme plein de valeur et de générosité, qui, pendant les guerres de la fin de l’autre siècle, dépensa tout ce qu’il avait tant au jeu qu’au service de Charles VIII, roi de France, et finalement y laissa la vie. Il eut un fils appelé Piero, qui, resté à deux mois sans sa mère, morte de la peste, fut, dans cette grande détresse, allaité par une chèvre à la campagne, jusqu’au moment où son père, étant allé à Bologne, reprit une autre femme dont le premier mari et les enfants étaient également morts de la peste. Cette femme continua de nourrir Piero ou plutôt Pierino [diminutif enfantin qu’il ne quitta jamais], et, lorsque Giovanni Buonaccorsi retourna en France, il conduisit Perino à Florence et le laissa à quelques-uns de ses parents qui, soit pour s’en débarrasser, soit parce qu’ils n’avaient pas le moyen de lui faire apprendre un état relevé, le placèrent chez le pharmacien du Pin Doré[1]. Mais, comme ce métier lui déplaisait, il fut pris en qualité d’apprenti par Andrea de’Ceri, peintre, auquel il avait plu par la vivacité de son esprit, qui promettait avec le temps de porter ses fruits. Andrea était un de ces peintres sans talent, qui travaillent à boutique ouverte et qui peignait chaque année, pour la fête de saint Jean, les cierges qui font partie des offrandes de la cité. Aussi l’appelait-on Andrea de’Ceri (des cierges), surnom qui resta ensuite un moment à Perino. Après l’avoir gardé jusqu’à l’âge de onze ans, et lui avoir enseigné de son mieux les principes de l’art, Andrea le confia à son intime ami, Ridolfo, fils de Domenico Ghirlandajo, qui avait une grande réputation. À force de travail et d’application, Perino surpassa bientôt les autres élèves de

  1. Il existe encore à Florence une pharmacie de ce nom.