Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/312

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Biagio Catoldo, un dessin pour un lazaret de pestiférés à Vérone, qui ne fut pas suivi.

Parmi les Palais construits par Michele, il y a à Vérone le superbe palais des comtes de Canossa et celui des Lavezoli : il refit la façade et restaura complètement l’intérieur du palais Bevilacqua[1]. À Venise il éleva depuis les fondations, le magnifique palais des Comari, près de San Polo[2], et restaura un autre palais de la même famille, qui est à San Benedetto all’Arbore[3], pour Messer Giovanni Comari, qui était son grand ami. Il restaura également le palais des Bragadini, en face de Santa Marina, et il le rendit très commode et très orné. Dans la même ville, il fonda et éleva hors de terre, suivant son modèle, avec une dépense incroyable, le merveilleux palais du très noble Messer Girolamo Grimani, près de San Luca, sur le canal Grande. Malheureusement la mort l’empêcha de le terminer lui-même, et les continuateurs altérèrent son projet en maint endroit.

Près de Castel-Franco, sur les confins des pays trévisan et padouan, il éleva le fameux palais de la famille des Soranzi, appelé la Soranza[4], que l’on répute être la plus belle et la plus commode villa, qu’il y ait eue jusqu’alors dans ce pays. Il alla à Piombino pour commencer le palais Cornaro. Telles sont les principales constructions qu’on lui doit, outre deux belles portes de palais à Vérone, celle des recteurs et capitaines[5] et celle du Podestat[6]. Pendant qu’il jouissait tranquillement, dans sa patrie, de la considération qu’il avait acquise par ses travaux, il apprit une si triste nouvelle que ses jours en furent abrégés. Giangirolamo, fils de Paolo, cousin germain de Michele, mourut à Chypre à l’âge de 45 ans, pendant qu’il y travaillait aux fortifications. Cette mort causa une telle douleur à Michele, qui voyait ainsi s’éteindre sa famille, son neveu n’ayant point laissé d’enfants, qu’il fut pris d’une fièvre maligne à laquelle il succomba en peu de jours. Il mourut l’an 1559, et fut inhumé à San Tommaso, couvent des Carmes, où se trouve la sépulture de ses ancêtres. Messer Niccolo Sanmichele, médecin, est actuellement occupé à lui faire élever un tombeau[7].

Comme je n’aurai pas de sitôt à parler des artistes de Vérone, il y

  1. Ces palais existent encore.
  2. Palais Mocenigo.
  3. Palais Correr Spinelli ; n’est pas de San Michele.
  4. N’existe plus.
  5. Actuellement le Tribunal.
  6. Actuellement la Délégation.
  7. Qui existe encore.