Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/333

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Jules de Médicis fit construire au bas du Monte Mario ; on y voit des animaux, des grotesques, des festons et d’autres ornements si beaux qu’il semble avoir voulu se vaincre et se surpasser ; ce qui lui valut de la part du cardinal, qui aimait beaucoup son talent, plusieurs bénéfices pour ses parents, et pour lui-même un canonicat de Civitale en Frioul, qu’il céda plus tard à l’un de ses frères[1]. Il éleva encore, dans cette Vigna, une fontaine qu’il imita entièrement du temple de Neptune récemment découvert parmi les ruines du grand palais, ornée de produits marins et de stucs admirables. Le cardinal le nomma ensuite chevalier de Saint-Pierre, et l’envoya à Florence pour décorer une salle au coin du palais Médicis que Cosme l’Ancien, selon la coutume des plus nobles familles de son temps, avait autrefois disposée en loggia pour offrir un lieu commode de réunion aux citoyens. Michel-Ange Buonarroti ayant fermé cette loggia qui fut convertie en une salle éclairée par deux fenêtres, Giovanni orna toute la voûte de stucs et de peintures représentant les six boules, armes des Médicis portées par trois enfants, avec des animaux et d’autres sujets.

De retour à Rome, il fit, dans la loggia d’Agostino Chigi[2], que Raphaël avait peinte et qu’il était en train de terminer, une guirlande de festons le long des arêtes de la voûte, en y introduisant les fruits et les fleurs de toutes les saisons. Dans le champ des lunettes entourées par ces festons, il plaça des enfants tenant les attributs des dieux, et une multitude d’animaux, parmi lesquels un lion et un cheval marin en raccourci sont d’une beauté divine. Cette œuvre terminée, Giovanni décora une salle de bains du château Saint-Ange, et exécuta dans le Vatican quelques menus travaux que nous passerons sous silence.

Raphaël mourut ensuite, et cette perte fut très sensible à Giovanni ; puis le pape Léon X lui manqua à son tour, et, les arts ayant déserté Rome, il se retira pendant plusieurs mois à la Vigna du cardinal de Médicis, où il s’occupa de travaux peu importants.

Après l’élection de Clément VII, qui avait une grande amitié pour Giovanni, celui-ci, qui s’était réfugié à Udine pour fuir la peste, revint de suite à Rome où il fut chargé de faire, pour le couronnement du pape, une riche et belle décoration au-dessus des escaliers de Saint-Pierre. Il eut à faire ensuite, avec Perino del Vaga, quelques peintures sur la voûte de la vieille salle du Vatican, vis à vis des chambres du rez-de-chaussée, qui mettent les loges qu’il avait déjà peintes en

  1. Paolo, nommé chanoine en 1521.
  2. À la Farnésine.