et à Milan, dans l’église Santa Maria presso San Celso, un tableau de la Vierge avec un très beau paysage[1]. Aujourd’hui Pâris est âgé de soixante-quinze ans ; il vit tranquillement dans sa maison et ne travaille plus que pour répondre aux demandes de quelques princes et à celles de ses amis[2].
Je ne passerai pas sous silence que la mosaïque, aujourd’hui presque universellement abandonnée, se maintient florissante à Venise, grâce aux encouragements du Sénat, et surtout grâce à Titien, qui n’a rien négligé pour que cet art fût toujours en vigueur à Venise, et que l’on accordât d’honorables provisions à ceux qui l’ont exercé. C’est ainsi qu’on a posé quantité de nouvelles mosaïques à Saint-Marc, et qu’on a rénové presque toutes les anciennes. Cet art est actuellement porté plus loin qu’il ne l’a jamais été à Rome et à Florence, du temps de Giotto, d’Alesso Baldovinetti, de Ghirlandajo et du miniaturiste Gherardo. Tout ce qui s’est fait en ce genre, à Venise, a été exécuté d’après les dessins et les cartons coloriés de Titien et d’autres excellents peintres. C’est ainsi qu’on est arrivé à la perfection de celles que l’on voit sous le portique de Saint-Marc, entre autres celle du Jugement de Salomon[3], dont la beauté est telle que l’on ne saurait vraiment mieux faire avec les couleurs. Dans le même endroit, Lodovico Rosso a laissé l’arbre généalogique de la Vierge[4], tout couvert de Sibylles et de Prophètes faits dans une manière agréable, en pierres bien assemblées et avec un vigoureux relief. Aucun mosaïste n’a mieux travaillé, de nos jours, que Valerio et Vincenzio Zuccheri de Trévise[5], dont on voit plusieurs œuvres à Saint-Marc, particulièrement celles relatives à l’Apocalypse, où ils ont placé, autour du trône du Père Éternel, les quatre Évangélistes sous figure d’animaux, les sept candélabres et une foule d’accessoires qui, de loin, paraissent peints à l’huile. Ils ont également produit quantité de portraits, parmi lesquels nous citerons ceux de Charles-Quint, de son frère Ferdinand et de l’empereur Maximilien, aujourd’hui régnant. En vérité, il est déplorable que cet art de la mosaïque, si précieux par sa beauté et sa durée, ne soit pas plus cultivé par les artistes et pas plus encouragé par les princes. Aux mosaïstes que nous venons de nommer, ajoutons Bartolomeo Bozzato[6], qui