qu’on ne saurait imaginer mieux[1]. Entre autres choses, il y a fait une fontaine très ressemblante à celle que le pape Jules fit faire à Rome, dans sa vigne, avec des ornements en stucs et en peintures, sur toute la surface et dus à des maîtres excellents.
À Gênes, Messer Lucca Giustiniano a fait élever, sur les dessins de Palladio, une bâtisse que l’on regarde comme aussi belle que celles susdites, dont il serait trop long de décrire toutes les particularités, en tant que capricieuses et belles inventions. D’ailleurs il va paraître un livre de Palladio, dans lequel seront représentés deux livres d’édifices antiques, et un de ceux qu’il a fait construire lui-même[2] ; aussi je ne dirai rien d’autre sur lui. Que cela suffise pour le faire connaître comme un excellent architecte ; c’est ainsi que l’estiment tous ceux qui voient ses œuvres admirables. Étant encore jeune, et poussant continuellement ses études sur l’art, on peut espérer de lui des œuvres de plus en plus belles. Je ne passerai pas sous silence qu’à tant de talent, il joint une nature si affable et si avenante qu’elle le rend aimable pour chacun ; aussi a-t-il mérité d’être agréé au nombre des Académiciens florentins[3], en même temps que Danese, Giuseppe Salviati, le Tintoretto et Batista Farinato de Vérone[4].
Tandis que les esprits industrieux et élevés, grâce à la lumière du très célèbre Giotto et de ses successeurs, s’efforçaient de donner au monde une preuve de la valeur dont la bienfaisance de leur étoile et leur complexion naturelle les avaient doués ; tandis que, désireux d’imiter la grandeur de la nature par l’excellence de l’art, pour parvenir, autant qu’il leur était permis, à cette suprême connaissance des choses qu’on nomme généralement l’intelligence, ils se livraient aux plus grands efforts, quoique bien souvent en vain ; le bienveillant Maître des cieux tourna les yeux vers la terre, et voyant la vaine infinité de tant de fatigues, l’insuccès de tant d’études opiniâtres et la pré-