pas laissé porter à Florence. Mais, avant sa venue, les peintres, sculpteurs et architectes de notre Académie s’étant rassemblés, nommèrent quatre d’entre eux, Agnolo Bronzino et Giorgio Vasari, peintres. Benvenuto Cellini[1] et Bartolommeo Ammanati, sculpteurs, pour se concerter et préparer de magnifiques funérailles. Ils décidèrent d’en informer le duc et de lui demander que les funérailles se fissent à San Lorenzo, église de l’illustre famille des Médicis, où se trouve la majeure partie des œuvres de Michel-Ange existant à Florence ; de plus, que Son Excellence voulût bien qu’on eût recours à la grande éloquence d’un homme tel que Varchi, pour prononcer l’oraison funèbre et l’éloge du génie de Michel-Ange. Le duc accéda à leur désir, et leur fit dire qu’il leur promettait aide et concours, aucune chose ne pouvant lui être plus agréable.
Pendant que ces choses se traitaient à Florence, Lionardo Buonarroti, arrivé trop tard pour trouver son oncle encore en vie, apprit de Daniello da Volterra, qui avait été un des amis les plus intimes de Michel-Ange, et de plusieurs autres qui étaient restés auprès de ce saint vieillard, que Michel-Ange leur avait demandé et les avait priés de faire porter son corps à Florence, sa noble patrie, à laquelle il avait toujours porté un ardent amour. Le corps, enlevé secrètement et emballé comme une marchandise, avait été mis en route pour Florence. Je dois dire que cette dernière volonté de Michel-Ange montra bien, contrairement à ce que quelques-uns ont prétendu, que, s’il resta éloigné de Florence pendant de longues années, la seule raison en fut la qualité de l’air. Car, par expérience, il avait reconnu que l’air de Florence, vif et trop ténu, lui était contraire, et que celui de Rome, plus doux et tempéré, l’avait maintenu en bonne santé jusqu’à l’âge de quatre-vingt-dix ans, avec toutes ses facultés entières, en sorte que, jusqu’au dernier jour, il avait pu travailler. Le corps étant arrivé à Florence fut déposé le même jour, c’est-à-dire le 11 mars, qui fut un samedi, dans la compagnie de l’Assunta, qui est sous le maître-autel et sous les escaliers postérieurs de San Piero Maggiore, sans que personne en fût averti. Le jour suivant, qui fut le dimanche de la deuxième semaine de carême, tous les peintres, sculpteurs et architectes se rassemblèrent sans éclat autour de San Piero, où l’on n’avait apporté qu’un drap de velours brodé d’or pour couvrir la bière et le brancard sur lesquels on posa un crucifix. Ensuite, vers les minuit, tous s’étant réunis autour du corps, subitement les meilleurs et les plus vieux artistes prirent en main une quan-
- ↑ Qui n’accepta pas.