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Page:Les vies des plus excellents peintres, sculpteurs, et architectes 02.djvu/65

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Léonard de VINCI
Peintre et sculpteur florentin, né en 1452, mort en 1519



O n voit l’influence céleste faire pleuvoir les dons les plus précieux sur certains hommes, souvent avec régularité et quelquefois d’une manière surnaturelle ; on la voit réunir sans mesure en un même être la beauté, la grâce, le talent et porter chacune de ces qualités à une telle perfection que, de quelque côté que se tourne ce privilégié, chacune de ses actions est tellement divine que, distançant tous les autres hommes, ses qualités apparaissent, ce qu’elles sont en réalité, comme accordées par Dieu et non acquises par l’industrie humaine. C’est ce que l’on a pu voir dans Léonard de Vinci, qui réunissait à une beauté physique au-dessus de tout éloge une grâce infinie dans tous ses actes ; quant à son talent, il était tel que, n’importe quelle difficulté se présentant à son esprit, il la résolvait sans effort. Chez lui, la dextérité s’alliait à une force très grande ; chez lui l’esprit et le courage avaient quelque chose de royal et de magnanime. Enfin sa réputation grandit tellement que, répandue partout de son vivant, elle s’étendit encore davantage après sa mort. Vraiment admirable et céleste fut Léonard[1], fils de Ser Piero da Vinci ; il se serait avancé très loin dans l’érudition et les principes des lettres, s’il n’avait été si variable et si changeant. Car il se mit à apprendre beaucoup de choses, et, à peine commencées, il les abandonnait. Ainsi, dans l’arithmétique, qu’il apprit en peu de mois, il fit tant d’acquit que, soulevant continuellement des doutes et des difficultés, bien souvent il embarrassait le maître qui l’enseignait. Il cultiva un peu la musique, et aussitôt se décida à apprendre à jouer de la lyre, en homme qui avait naturellement l’esprit très élevé et plein de facilité, de manière qu’il chantait divinement en improvisant et en s’accompagnant sur cet instrument. Cependant, tout en s’occupant ainsi à des choses variées, il ne cessa jamais de

  1. Fils naturel de Ser Piero da Vinci et d’une nommée Catherina, qui épousa ensuite un paysan de Vinci, petit village près d’Empoli. Ser Piero se maria quatre fois et eut neuf fils légitimes. Il mourut le 9 juillet 1504.