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Voyages Aduentureux

quante mille ducats que Pedro de Faria & Tome Lobo auoient perdus. Depuis ce temps-là les Portugais furent touſiours en grande eſtime dans le pays, ſi bien que leur valeur les rendit redoutables aux Mahumetans. Vn peu apres les ſoldats nous aſſeurerent que dans les trois Iuncos que nous auions pris, il y auoit ſeulement en lingots d’argent, ſans y comprendre les autres marchandiſes dont ils eſtoient chargez, la valeur de deux cens mille Taels, qui valent trois cens mille ducats de noſtre monnoye.




Du triſte ſuccés qui nous arriua à l’emboucheure du Legor.


Chapitre XXXVI.



Apres auoir ſeiourné vingt & ſix iours en ce lieu de Patane, pour acheuer d’y vendre vn peu de marchandiſe de la Chine, pour m’en retourner au pluſtoſt, il arriua de Malaca vne Fuſte commandée par vn nommé Antonio de Faria de Souſa, qui ſe rendit là par l’expres commandement de Pedro de Faria, pour y traicter auec le Roy de quelque accord enſemble pour luy confirmer de nouueau l’ancienne paix qu’il auoit auec Malaca, & le remercier par meſme moyen du bon traitement qu’il faiſoit dans ſon Royaume, à ceux de la nation Portugaiſe, comme auſſi pour traicter de pluſieurs autres choſes ſemblables, ſelon l’importance du commerce & de la ſaiſon ; car c’eſtoit pour lors la choſe du monde qui nous touchoit dauantage. Cette intention eſtoit couuerte d’vne belle lettre d’Ambaſſade, & d’vn beau preſent de pierrerie, enuoyé au nom du Roy de Portugal noſtre Maiſtre, & pris dans ſes coffres, comme tous les Capitaines de ce lieu ont accouſtumé de faire. Or dautant que ce meſme Antonio de Faria auoit apporté en ce païs pour dix ou douze mille eſcus de draps & de toiles des Indes, dequoy on luy auoit fait credit à Malaca, comme il vit que ces mar-