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de Fernand Mendez Pinto.

de les tuer & exterminer tous, ſans que de tout leur nombre il en reſtat que cinq ſeulement, qu’ils prirent tous en vie, & les ayant fait priſonniers, ils les ietterent dans la ſentine pieds & poings liez, afin qu’à force de tourment l’on leur fit confeſſer certaines choſes qu’on leur vouloit demander ; mais ils s’egorgerent les vns & les autres à belle dents, de peur de la mort à laquelle ils s’attendoient ; ce qui n’empeſcha qu’ils ne fuſſent deſmembrez par nos valets, & apres jettez dans la mer, en la compagnie du chien Coja Acem leur Capitaine, grand Cacis du Roy de Bintan, eſpancheur & beuueur du ſang des Portugais, tiltres qu’il ſe donnoit d’ordinaire en ſes lettres, & qu’il preſchoit publiquement à tout les Mahumetans, à cauſe dequoy & pour la ſuperſtition de ſa maudite ſecte, il eſtoit grandement honoré d’eux.




Continuation de ce que fit Antonio de Faria apres auoir gagné cette victoire, & de la liberalité dont il vſa enuers les Portugais qui eſtoient à Liampoo.


Chapitre LX.



Cette bataille ſanglante finit par l’honneur de la victoire, dont i’ay parlé cy deuant, à la deſcription de laquelle ie n’ay pas voulu employer beaucoup de paroles. Car ſi i’entreprenois d’en raconter les particularitez, enſemble les grandes choſes que firent les noſtres, comme auſſi la valeur auec laquelle les ennemis ſe defendirent, outre que ie ne ſerois pas capable de cela, il m’en faudroit faire vn diſcours plus ample, & vne hiſtoire plus accomplie que celle-cy. Toutesfois comme mon intention n’eſt autre que de declarer ces choſes en paſſant, ie m’eſtudie à parler ſuccinctement en pluſieurs endroits, où poſſible d’autres eſprits plus beaux que le mien s’é-