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de Fernand Mendez Pinto.

le plus aſſeuré, & que pour deſcharger ſa conſcience il n’y auoit rien dans le monde qui deuſt l’empeſcher de le faire ainſi. A cela ils adiouſterent que tous tant qu’ils eſtoiẽt ils expoſeroient leur vie pour ce ſujet ; le Capitaine les ayans remerciés là deſſus, & les embraſſant le chappeau à la main, & les yeux tous baignés de larmes auec beaucoup de complimens, il leur proteſta derechef, qu’à l’aduenir il accompliroit en effet ce dequoy pour le preſent il ne les pouuoit aſſeurer que de paroles, choſes qui les rendiſt tous conformes en leurs aduis, & grandement ſatiſ-faicts.




De la lettre qu’Antonio de Faria eſcriuit au Mandarin de Nouday, ſur le ſujet de ſes priſonniers, enſemble quelle en fut la reſponſe, & ce qu’il fiſt depuis.


Chapitre LXIV.



Cette reſolution priſe, l’on tint le conſeil pour ſçauoir de quelle façon on ſe deuoit gouuerner en cette affaire ; ſurquoy il fut reſolu qu’il la falloit traitter ſans delay, & à l’amiable auec le Mandarin, à qui pour cet effet l’on enuoyeroit demander ces priſonniers, auec promeſſe de donner pour leur rançon ce qui ſeroit treuué raiſonnable, & que ſuiuant ſa reſponſe l’on prendroit vne plus ample reſolution ſur ce qu’on auroit à faire. L’on fiſt donc à meſme temps requeſte conforme au ſtile dont l’on auoit accouſtumé de ſe ſeruir en iugement, & Antonio de Faria l’enuoya au Mandarin par deux des Chinois qu’il auoit pris, & qui ſembloient les plus honorables. Par meſme moyen il luy fiſt tenir vn preſent qui valoit deux cents ducats, luy ſemblant que cela deuoit ſuffire entre gens d’honneur, pour l’obliger à rendre ces priſonniers ; mais il en arriua bien autrement comme l’on verra