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de Fernand Mendez Pinto.

la mort de Soltaon Bandur Roy de Cambaye ; & l’on tient que ces trois pieces ſont du nombre des quinze que Rumecan, General de l’Armée du Turc apporta de Suez, en l’an 1534. lors que Dom Pedro de Castel branco, partiſt de ce Royaume auec les douze Carauelles de Secours, ce qui aduint au mois de Nouembre.




Comment ie m’embarquay à Diu, pour m’en aller au deſtroit de la Mecque, & de ce qui m’arriua en ce voyage.


Chapitre III.



Dix-sept iours apres que nous fuſmes arriuez à la fortereſſe de Diu, où pour lors l’on faiſoit equipper deux Fûtes, pour aller au deſtroit de la Mecque, en intention d’y prendre langue, & s’enquerir du deſſein de l’armée Turqueſque, de qui la venuë eſtoit grandement apprehendée aux Indes, pour ce que dans l’vne de ces meſmes Fûtes, appellée Siluera, eſtoit Capitaine vn de mes meilleurs amis : la bonne eſperance qu’il me donna du voyage qu’il s’en alloit faire, fuſt cauſe que ie m’embarquay auec luy pour l’y accompagner, à quoy m’obligea l’aſſeurance qu’il me donna de son amitié, ioinct qu’il me promit que par ſa faueur ie pourrois deuenir riche facilement & en peu de temps ; ce qui eſtoit la choſe du monde que ie deſirois le plus volontiers. M’aſſeurant donc sur les promeſſes que me faiſoit ce Capitaine, & me laiſſant tromper à mes eſperances, ie m’imaginois deſ-ja poſſeder de grandes richeſſes, & des threſors infinis, ne me ſouuenant pas combien ſont ameres & peu certaines les promeſſes des hommes, & que ie ne pouuois recueillir beaucoup de fruict du voyage que ie m’en allois entreprendre, à cauſe qu’il y faiſoit dangereux, & qu’il eſtoit hors de ſaiſon de nauiger en ce pays là. Eſtans donc partis du port de Diu, nous navigeaſmes en vn temps plein de broüillards, à cauſe que c’e-