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Page:Les voyages advantureux de Fernand Mendez Pinto.djvu/283

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de Fernand Mendez Pinto.

ſoient ſe rapporteroit enſemble. A ces demandes ils reſpondirent tous, que cette contrée où nous eſtions s’appelloit Temquilem, d’où iuſques à l’Iſle de Calempluy il n’y auoit que dix lieuës de diſtance. En ſuite de cela il leur fit pluſieurs autres queſtions pour noſtre commune ſeureté, à quoy tous reſpondirent ſeparément l’vn de l’autre fort à propos. Cependant Antonio de Faria & tous les autres demeurerent fort ſatisfaits d’vne ſi bonne nouuelle, ce qui n’empeſcha pas qu’ils ne fuſſent grandement faſchez du deſordre qui s’eſtoit paſſé entr’eux : car il eſtoit bon à voir que ſans Similau que nous auions pour Nord de noſtre voyage, nous ne pourrions faire aucune choſe qui nous fut beaucoup profitable. Là deſſus Antonio de Faria mit aux bancs ces cinq Chinois, qu’il arreſta priſonniers ; puis il continua ſa route durant deux iours & demv, à la fin deſquels il pleut à Dieu qu’en tournant vne pointe de terre, qui s’appelloit quinai taraon, nous deſcouuriſmes cette Iſle de Calcmpluy, qu’il y auoit huitante trois iours que nous allions cherchant auec vne extreme confuſion de peines & de trauaux, comme i’ay dit cy-deuant.




Noſtre arriuée à Calempluy, & la deſcription de cette Iſle.


Chapitre LXXV.



Ayant doublé comme i’ay deſia dit, la pointe de Guimai Tarao, deux lieuës plus auant nous deſcouuriſmes vne belle pleine de terre ſituée au milieu d’vne riuiere, qui ſelon les apparences n’auoit pas plus d’vne leuë de circuit. Antonio de Faria s’en approcha auec vne extreme ioye, qui neantmoins eſtoit entremeſlée d’vne grande apprehenſion, pour n’auoir reconnu iuſques alors en quel danger luy & les ſiens s’eſtoient mis. Enuiron trois heures de nuit il ancra pres de cette Iſle à la portée d’vn canon, & le lendemain ſi