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de Fernand Mendez Pinto.

iours ſe paſſerent deuant que démarer du port, pource qu’il attendoit que tous ſes hommes fuſſent preſt pour s’embarquer auec luy. Cependant la veille du iour qu’il deuoit partir, il arriua vn Catur de la Ville de Diu, auec vne lettre d’Anthonio de Silueyra, Capitaine de la fortereſſe, par laquelle il donnoit aduis au Vice-Roy, que les Turcs s’eſtoient retirez, & auoient leué le ſiege. Quoy que ceſte nouuelle fuſt bonne, ſi ne laiſſa-t’elle pas de cauſer vne notable tristeſſe à toute l’armée, pour l’extréme deſir qu’auoient tous les noſtres de s’en aller combatre les ennemis de noſtre Foy. Cela fut cauſe que le Vice-Roy demeura là cinq iours de ſurplus, durant leſquels il pourueut à toutes les choſes neceſſaires à la conſeruation de ſon Gouuernement des Indes ; pour cét effect du meſme-lieu où il eſtoit anchré, il enuoya en Portugal deux Nauires commandées par Martin Alfonſe de Souſa, & par Vincent Pegado. Par meſme moyen il enuoya dans l’vn de ſes vaiſſeaux, le Docteur Fernand Rodriguez, de Caſtelbranco, Intendant de ſes Finances, auec commiſſion de le faire charger de poivre à Cochin, & d’arreſter le Gouuerneur precedent Nuno de Cunha, qui peu de iours auparauant y eſtoit arriué dans le Nauire ſaincte Croix, fort indiſpoſé de ſa perſonne, & mal ſatiſfait du peu de reſpect qu’on luy portoit, croyant luy en eſtre deu dauantage, à cauſe de ſes ſeruices. Le Vice-Roy ayant ordonné toutes ces choſes, comme i’ay dit cy-deuant, commanda tout incontinent que l’on euſt à faire voile, & ainſi il partit de ceſte emboucheure de Goa vn Ieudy matin ſixieſme de Decembre. Le quatorzieſme iour de ſa nauigation il s’en alla moüiller l’anchre à Chaül, où il demeura trois iours, pendant leſquels il entra en conference auec Inezamaluc, & pourueut à quelques affaires grandement importantes à la ſeureté de la fortereſſe. Apres cela il fit eſquiper quelques vaiſſeaux de l’armée qu’il pourueut de ſoldats & de viures ; puis il partit de là pour aller à Diu. Mais le malheur voulut pour luy qu’ayant gaigné les pointes de Daanuu, comme il trauerſoit le Golphe, il ſuruint tout à coup vne ſi furieuſe tempeſte, qu’auec ce qu’elle ſepara ſon armée nauale, elle