Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/120

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FOGG, bas.

Son fils… là, dites-vous ? Bien ! il faut maintenant pour vous sauver qu’un coup de feu se fasse entendre…

AOUDA.

Pour nous sauver ?…

FOGG, s’approchant du chef.

Qui désignes-tu pour me frapper ?

LE CHEF.

Moi-même… avec cette hache…

FOGG, avec ironie.

Ah ! oui, la hache, qui permet d’atteindre le but, même quand la main tremble !

LE CHEF.

Ma main ne tremblera pas !

FOGG.

Elle tremblerait, te dis-je, si l’esclave osait diriger ce revolver que tu m’as pris, contre la poitrine de son maître…

LE CHEF, froidement.

Mon maître !… Tu verras bientôt lequel de nous est plus puissant que l’autre !

FOGG.

Je verrai que tu n’oses faire usage de cette arme dont je me suis servi, moi, contre les tiens… ; de cette arme qui a frappé naguère (Regardant autour de lui.), tiens… à cette même place… un jeune homme de tribu qui demandait grâce !…

LE CHEF, ému.

Ici… l’un des nôtres ?…

FOGG.

C’était presque un enfant… « Je suis, me disait-il, le fils d’un puissant chef… »

LE CHEF, avec violence.

Mon fils ! C’est toi qui l’as frappé ?

FOGG.

Épargne-moi ! épargne-moi ! me criait-il.

LE CHEF, furieux.

Tu mens ! Mon fils n’a pas demandé grâce !…

FOGG.

Ton fils implorait ma pitié !…