Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/18

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STUART.

Ralph a raison ! Comment ! nous mangeons, nous buvons, nous nous logeons, nous vivons enfin comme tout le monde ! Que la vieille Angleterre me le pardonne, mais il y a dans Londres des marchands de coton et des brasseurs qui sont plus excentriques que nous ! Tenez, le boucher Mordisson, quand il a vendu sa viande à son étal de la Cité. eh bien ! il remonte, bras nus, le tablier au flanc, dans sa calèche à quatre chevaux, et retourne ainsi à son hôtel de Piccadilly. Voilà un boucher excentrique !

FLANAGAN.

Tout le monde ne peut pas être boucher.

RALPH.

Non ! mais on doit se distinguer de tout le monde.

FLANAGAN.

Soyez tranquille, mon cher Ralph. Dans notre nouveau palais, vous n’aurez point à vous plaindre… au moins sous le rapport du logement.

STUART.

Et cela coûtera dix millions, ce qui est déjà assez excentrique !

RALPH.

Peuh ! Nous sommes cinquante à payer cette fantaisie-là !

STUART.

Et il sera achevé ?…

FLANAGAN.

Dans trois mois. Les tapissiers y sont déjà.

STUART, effaré.

Comment, les tapissiers ! Il y aura donc des tapis ?

FLANAGAN.

Oui, puisqu’il y a des planchers.

STUART.

Et des rideaux ?

FLANAGAN.

Puisqu’il y a des fenêtres.

STUART.

Et des plafonds, et des portes, et des escaliers ! Je parie qu’il y aura des escaliers ?

FLANAGAN.

Sans doute.