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Scène III

Les Mêmes, THALCAVE.

(Un Patagon, en costume national, paraît alors à droite au sommet d’une roche et épaule sa longue carabine. Le coup part, et l’oiseau, tenant toujours Robert, tombe lentement derrière la roche. Glenarvan descend dans le gouffre pour chercher Robert.)

MARY.

Avez-vous eu compassion, mon Dieu, ou bien un dernier désespoir doit-il déchirer mon cœur ? Robert ! Robert !

GLENARVAN, reparaît, portant Robert évanoui dans ses bras, et il le dépose sur le rocher à droite.
MARY.

Voyez, voyez, cette pâleur livide, et ses yeux qui restent fermés !… Mon frère ! mon frère !… (Elle soulève sa tête qu’elle couvre de baisers et de larmes.)

PAGANEL.

Attendez, miss Mary, attendez !… J’ai là le flacon de lady Arabelle que, par distraction, j’avais pris pour ma tabatière ! (Il fait respirer le flacon à Robert.) Voyez, voyez, ses joues commencent à se colorer !…

MARY, avec joie.

Oui, oui…

GLENARVAN.

Il revient à lui !

ROBERT.

Mary… ma sœur… Ah ! quel songe !… (D’une voix faible.) Quel terrible songe !…

MARY, montrant le Patagon.

Robert, voilà l’homme à qui tu dois la vie !…

THALCAVE.

Non ! Le grand esprit a soutenu mon bras et dirigé mon arme.

ROBERT, tendant la main à Thalcave.

Mon ami, mon sauveur, qui donc es-tu ?

THALCAVE.

Thalcave ! Né dans ce pays, j’ai souvent conduit des voyageurs à travers les défilés de nos montagnes !

PAGANEL.

Un Patagon ! J’aurai vu un vrai Patagon !