Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/240

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

BOB, reprenant sa voix féminine.

Comment, monsieur ?… Insolent !

L’HÔTELIER.

Excusez-moi, mademoiselle… mais chaque fois que je vous entends, sans vous voir, je vous prends pour un homme.

BOB, minaudant.

Mais quand vous me voyez ?…

L’HÔTELIER.

Oh ! quand je vous… (Il le regarde.)

BOB, se détournant.

Diable ! il ne faut pas trop me laisser regarder ce matin ! J’ai perdu mon rasoir… et depuis deux jours ça pousse… ça pousse !…

L’HÔTELIER.

Qu’est-ce que vous désirez, mademoiselle ?

BOB.

Le thé pour milord Glenarvan et sa suite.

AYRTON, bas.

Glenarvan ! Eh mais ! c’est le propriétaire du Duncan ! Attention ! l’hôtelier, qui est allé inspecter la table pendant ces paroles. Eh bien ! vous voyez, tout est prêt ! Il n’y a plus qu’à servir quand on en donnera l’ordre.

BOB, à part.

Si je ne trouve pas moyen de me barbifier, je suis perdu ! Je ne peux pourtant pas aller chez un barbier de la ville… avec… Comment faire pour remplacer adroitement mon rasoir ?… (Haut.) Ah ! mon ami !

L’HÔTELIER.

Monsieur… mademoiselle…

BOB.

Mon bon ami… ne pourriez-vous pas me prêter… pour un instant… quelque chose… qui soit ?…

L’HÔTELIER.

Quelque chose, mademoiselle ?

BOB.

Quelque chose qui coupe…

L’HÔTELIER.

Un couteau alors ?…

BOB.

Non, quelque chose de plus tranchant, quelque chose de très affilé !…