Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/260

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AYRTON, avec force.

Et je soutiens, moi qui ai traversé ces forêts, lorsque je m’échappais des mains des Onéidas… je soutiens… que je ne me trompe pas.

PAGANEL.

Cependant mes calculs…

AYRTON, froidement.

Sont inexacts, monsieur.

PAGANEL.

Alors… c’est nous qui nous trompons, monsieur Thalcave.

GLENARVAN.

Ah ! il est temps que nous arrivions !… Par une inconcevable fatalité, tous les animaux de notre caravane sont morts l’un après l’autre ! Il ne nous reste plus que deux bœufs sur les dix qui composaient l’attelage primitif du chariot, et nos chevaux sont tombés sur la route !

AYRTON.

Les accidents de celle nature sont fréquents dans les forêts australiennes. Les pâturages y sont abondants, mais ils produisent une herbe vénéneuse qui tue les animaux domestiques.

PAGANEL.

Oui, oui, le gastrolobium !

AYRTON.

C’est cela même.

PAGANEL.

Mais je croyais que les chevaux et les bœufs fuyaient instinctivement cette herbe, et qu’il fallait qu’on les mêlât, par mégarde…

AYRTON, vivement.

Erreur ! Ils la recherchent et la mangent au contraire avec avidité.

PAGANEL, blessé.

Il paraît qu’aujourd’hui ma science est, sur toute chose, complètement en défaut !

THALCAVE.

Seul, entre tous, le cheval d’Ayrton a été préservé.

GLENARVAN.

Et cela est heureux, puisque Ayrton, mieux qu’aucun de nous, peut aller en avant et reconnaître le pays.

THALCAVE.

Soit, mais il n’est pas bon que, depuis Melbourne, la route que nous avons suivie ait été marquée par les pas de ce cheval.