Les dépêches s’arrêtent à Kolyvan, à mi-chemin de la route sibérienne, dont les Tartares sont les maîtres !
(Sur un signe du gouverneur, les portières retombent.)
En sorte que la dépêche que nous avons transmise au Grand-Duc, celle qui désignait le jour où doit arriver, en vue d’Irkoutsk, l’armée de secours !…
Cette dépêche n’a pu parvenir à Son Altesse.
Ainsi, les Tartares, maîtres de la route ! La Sibérie orientale séparée du reste de l’empire moscovite ! Le Grand-Duc non prévenu du jour où il doit être secouru, où il doit opérer sa sortie !… Il faut à tout prix… (Au général.) Général, n’y a-t-il pas au palais une compagnie de courriers du czar ?
Oui, Excellence.
Connaissez-vous, dans cette compagnie, un homme qui puisse, à travers mille dangers, porter une lettre à Irkoutsk !
Il en est un dont je répondrais à Votre Excellence, et qui a plusieurs fois rempli, avec succès, des missions difficiles.
À l’étranger ?
En Sibérie même.
Qu’il vienne. (Le général dit un mot à l’aide de camp qui sort par la droite.) Il a du sang-froid, de l’intelligence, du courage ?…
Il a tout ce qu’il faut pour réussir là où d’autres échoueraient.
Son âge ?
Trente ans.