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ici, que je ne quitte pas ce quai, que je dévisage les passagers de tous les paquebots pour tâcher de reconnaître le voleur de la Banque d’Angleterre, et rien ! rien !

MUSTAPHA.

Un peu de patience, monsieur. Les voleurs ne sont pas toujours si pressés de se faire prendre. À propos, vous savez que le Mongolia a été signalé hier au large de Port-Saïd. Il ne peut donc tarder à arriver.

FIX.

Et le Mongolia vient directement de Brindisi ?

MUSTAPHA.

De Brindisi, où il a pris la malle des Indes, samedi, à cinq heures du soir.

FIX.

Et il va à Bombay ?

MUSTAPHA.

Directement.

FIX.

Mais il s’arrête ici, à Suez ?

MUSTAPHA.

Une heure seulement, le temps de faire son charbon. Mais, en vérité, monsieur Fix, je ne sais pas comment, avec les renseignements incomplets qui vous ont été envoyés de Londres, vous pourriez reconnaître le personnage en question, si, par hasard, il était à bord du Mongolia.

FIX.

Les soupçons portent particulièrement sur deux individus dont on a remarqué le séjour prolongé dans la salle des payements de la Banque. J’ai là leur signalement. Mais ce n’est pas tout à fait là-dessus que je compte. Excellence. Les industriels de ce genre, on les devine, on les sent plutôt qu’on ne les voit. C’est du flair qu’il nous faut, à nous autres détectives.

MUSTAPHA.

Eh bien, voilà une magnifique occasion de l’exercer, d’autant plus, je crois, que la prime offerte par la Banque d’Angleterre est fort alléchante.

FIX.

Oui, Excellence, la Banque fait bien les choses ! Dix pour cent de la somme retrouvée. C’est deux cent mille francs pour moi si je rattrape