Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/352

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JOLLIVET.

Mille mots !…

BLOUNT, continuant d’écrire à mesure qu’il écrit de passer ses dépêches à l’employé qui les transmet.

Bruit de la bataille se rapprochait… Au poste télégraphique, correspondant français guettait mon place, mais lui ne le aura pas…

JOLLIVET, furieux.

Ah ! monsieur, à la fin…

BLOUNT.

Il n’y avait pas de fin, mister. Ivan Ogareff, à la tête des Tartares, va rejoindre l’émir…

JOLLIVET.

Est-ce fini ?

BLOUNT.

Jamais fini.

JOLLIVET.

Vous m’avez plus rien à dire.

BLOUNT.

Toujours à dire… pour pas perdre le place. (Écrivant.) Au commencement, Dieu créa le ciel et la terre…

JOLLIVET.

Ah ! il télégraphie la Bible maintenant !

BLOUNT.

Yes ! le Bible, et il contenait deux cent soixante-treize mille mots !

L’EMPLOYÉ.

À dix kopeks par…

BLOUNT.

Je donne une à-compte… (Il remet une nouvelle liasse de roubles.) Le terre était informe et…

JOLLIVET.

Ah ! l’animal ! Je saurai bien te faire déguerpir ! (Il sort par le fond.)

BLOUNT.

Les ténèbres couvraient le face de le abîme… (Continuant.) Onze heures vingt. — Cris des fouyards redoublent… Mêlée furiouse.

(Cris au dehors que Jollivet vient pousser à travers ta fenêtre.)

Mort aux Anglais !… Tue ! pille !… À bas l’Angleterre.

BLOUNT.

Aoh ! Qu’est-ce qu’on criait donc ?… À bas l’Angleterre ! Angleterre,