Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/365

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JOLLIVET.

Et vous voulez touyer moi, c’est convenu ! mais pour que vous puissiez me touyer, il faut d’abord que je vous guérisse !

BLOUNT.

Ah ! c’était un grand malheur que le obus il ait été pour moi !

JOLLIVET.

Ce n’était pas un obus, c’était un biscaïen.

BLOUNT.

Un bis… ?

JOLLIVET.

Caïen !

BLOUNT.

Par oune K ?

JOLLIVET.

Non, par un C.

BLOUNT.

Par oune C. Oh ! c’était mauvaise tout de même !

JOLLIVET.

Voyons, prenez mon bras, et marchez un peu !

BLOUNT, avec force.

Non ! je marchai pas !

JOLLIVET.

Prenez mon bras, vous dis-je, ou je vous emporte sur mes épaules, comme un sac de farine !

BLOUNT.

Oh ! sac de farine !… Vous insultez moi encore !

JOLLIVET.

Ne dites donc pas de bêtises ! (Il veut l’emmener. Un Tartare entre et les arrête.)

LE TARTARE.

Restez. Le seigneur Ivan Ogareff veut vous interroger.

JOLLIVET.

Nous interroger ?… Lui, Ogareff !… ce traître !

BLOUNT.

Cette brigande !… cette bandite voulait interroger moi !

(Ivan, vêtu magnifiquement en officier tartare, parait, s’arrête à l’entrée de la tente et parle bas à deux Tartares qui l’accompagnent et sortent)