Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/55

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Croyez-moi donc, mon cher, acceptez les dix mille francs que je vous offre, et ne me disputez pas l’éléphant, l’unique moyen de transport qui reste dans ce pays pour se rendre à Allahabad.

PASSEPARTOUT.

C’est-à-dire que vous me demandez de trahir et de livrer un homme qui a confiance en moi !… un homme qui me paye, qui me nourrit, et tout cela parce qu’il vous passe sottement par la tête que mon maître ressemble au signalement de votre filou !… Et vous m’offrez dix mille francs pour faire une infamie et une bêtise ! Allons donc, je ne mange pas… de ces chardons-là.

FIX, le touchant de sa baguette.

Aimez-vous mieux qu’on vous soupçonne d’être le complice d’un voleur ?

PASSEPARTOUT, furieux.

Un voleur, moi !… Un voleur, lui ! Des voleurs, nous !

FIX.

Qui sait ?

PASSEPARTOUT.

Qui ? (Se calmant tour à coup et avec dignité.) Je vous ai donné ma parole, môsieur ! et je ne dirai à mon maître ni ce que vous êtes, ni ce que vous m’avez confié, môsieur ! Mais souvenez-vous bien, môsieur ! que si je vous retrouve sur notre route, soit en chemin de fer, soit en