Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/74

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FOGG.

Madame !

AOUDA.

Non !

FOGG.

Aouda !

AOUDA, avec joie.

À la bonne heure ! Toujours… Toujours Aouda pour vous !… Et je veux, lorsque vous penserez à moi… si vous y pensez quelquefois…

FOGG, s’oubliant.

Oh ! oui, j’ypenserai… (Froidement.) quelquefois.

AOUDA.

Je veux, entendez-vous, être toujours présente à votre esprit telle que j’étais quand vous m’avez arrachée à cet horrible supplice. Je veux que vous vous disiez : Il y a là-bas une femme pour qui je me suis dévoué et dont la reconnaissance ne finira qu’avec la vie !

FOGG, très ému.

Je vous le promets, Aouda… oui… je vous promets, je vous affirme, je vous jure !… Ah ! si l’Excentric-Club me voyait !

AOUDA, souriant.

Personne ne vous voit que moi seule, et vous pouvez être bon tout à votre aise !

FOGG.

Je ne suis pas bon… je suis excentrique.

AOUDA.

Et moi je vous dis que vous avez un excellent cœur !

FOGG.

Un cœur ! un cœur ! tout le monde a un cœur… Moi je suis…

AOUDA.

Excentrique. Je ne sais pas ce que cela signifie, monsieur Fogg, mais je vous défie bien de n’être pas un peu ému… en me disant : Adieu pour toujours, Aouda, pour toujours !

FOGG, très ému.

Adieu ! adieu !… pour… (Voyant entrer Corsican.) Voilà Corsican. (À part.) C’est la première fois qu’il arrive à propos !