Page:Les voyages au théâtre par A. D'Ennery et Jules Verne.djvu/86

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retrouve enfin dans cette contrée libre de la Malaisie ! Sois remercié, esprit puissant qui a protégé l’esclave ; sois bénie, toi, pauvre Aouda, dont les dernières paroles ont été pour briser mes chaînes !

LA MALAISE.

Nakahira, nous t’avons longtemps pleurée ! Quelles souffrances tu as dû subir !

NAKAHIRA.

Oui !… bien des souffrances, bien des humiliations aussi !… jusqu’au jour où une jeune princesse est montée sur le trône.

LA MALAISE.

C’est elle qui l’a rendue libre ! Grâce à elle, te voilà revenue parmi nous, et c’est le jour même de la fête des Charmeuses que tu auras revu nos rivages.

NAKAHIRA.

Oui ! j’ai revu aussi les forêts, les temples où nos dieux obéissaient autrefois à ma voix ! Mais la reconnaîtront-ils encore ? Mon chant les charmera-t-il de nouveau ? Ah ! venez, venez ! que je parcoure cette grotte jusque dans ses mystérieuses profondeurs et que je me recueille avant de réveiller nos divinités endormies ! (Nakahira et ses compagnes s’enfoncent à droite dans les profondeurs de la grotte.)


Scène II

ARCHIBALD, PASSEPARTOUT, AOUDA, NÉMÉA.
PASSEPARTOUT, entrant par le fond.

Une grotte ! une belle grotte, ma foi ! (Appelant.) Monsieur ! monsieur Corsican !

ARCHIBALD, entrant, accompagné d’Aouda et de Néméa, accablées de fatigue.

Venez ! Il faut que vous et votre sœur preniez un peu de repos.

AOUDA.

Mais…

ARCHIBALD.

Il le faut, vous marchez depuis le lever du jour.

PASSEPARTOUT.

Allons, mesdames, nous allons d’abord vous faire du feu et vous préparer un bon lit ! Vous vous croirez à l’hôtel.