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Page:Lesage - Œuvres, Didot, 1877.djvu/767

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le dessus. }}A Monsieur Craquet, médecin, dans la rue du Sépulcre. La Branche, reprenant la lettre. Ce n'est point cela Monsieur. M.Oronte, riant. Voilà un médecin qui loge dans le quartier de ses malades. La Branche . Tire plusieurs lettres, et en lit les adresses. J'ai plusieurs lettres que je me suis chargé de rendre à leurs adresses. Voyons celle-ci... Il lit. À Monsieur Bredouillet avocat au parlement rue des Mauvaises Paroles. Ce n'est point encore cela, passons à l'autre... Il lit. A Monsieur Gourmandin, chanoine de... ouais, je ne trouverai point celle que je cherche... Il lit. A Monsieur Oronte... Ah voici la lettre de Monsieur Orgon... Il la donne. Il l'a écrite d'une main si tremblante, que vous n'en reconnaîtrez pas l'écriture. M.Oronte. En effet elle n'est pas reconnaissable. La Branche. La goutte est un terrible mal. Le ciel vous en veuille préserver, aussi bien que Madame Oronte, Mademoiselle Angélique, Lisette, et toute la compagnie. M.Oronte lit.. Je me disposais à partir avec Damis ; mais la goutte m'en a empêché. Néanmoins comme ma présence n'est point absolument nécessaire à Paris, je n'ai pas voulu que mon indisposition retardât un mariage qui fait ma plus chère envie, et toute la consolation de ma vieillesse. Je vous envoie mon fils, servez-lui de père comme à votre fille. Je trouverai bon tout ce que vous ferez. De Chartres, Votre affectionné serviteur, Orgon. Que je le plains !... Mais qui est ce jeune homme qui s'avance ? Ne serait-ce point Damis ? La Branche. C'est lui-même ; qu'en dites-vous, Madame ? N'a-t-il pas un air qui prévient en sa faveur ?


Scène IX

M. Oronte, Mme Oronte, Angélique, Lisette, La Branche, Crispin

Mme Oronte. Il n'est pas mal fait vraiment. Crispin. La Branche. La Branche. Monsieur. Crispin. Est-ce là Monsieur Oronte mon illustre beau-père ? La Branche. Oui, vous le voyez en propre original. M.Oronte. Soyez le bienvenu, mon gendre, embrassez-moi. Crispin, embrassant Monsieur Oronte. Ma joie est extrême de pouvoir vous témoigner l'extrême joie que j'ai de vous embrasser. Voilà sans doute l'aimable enfant qui m'est destinée. M.Oronte. Non, mon gendre, c'est ma femme ; voici ma fille Angélique. Crispin. Malepeste la jolie famille ! Je ferais volontiers ma femme de l'une, et ma maîtresse de l'autre. Mme Oronte. Cela est trop galant. Il paraît avoir de l'esprit. Lisette. Et du goût même. Crispin. Quel air ! quelle grâce ! quelle noble fierté ! ventrebleu, Madame, vous êtes tout adorable, mon père me le disait bien, tu verras Madame Oronte, c'est la beauté la plus piquante. Mme Oronte. Fi donc. Crispin. La plus désag... je voudrais, dit-il, qu'elle fût veuve, je l'aurais bientôt épousée. M.Oronte, riant. Je lui suis, parbleu, bien obligé. Mme Oronte. Je l'estime infiniment Monsieur votre père ; que je suis fâchée qu'il n'ait pu venir avec vous ! Crispin. Qu'il est mortifié de ne pouvoir être de la noce ! Il se promettait bien de danser la bourrée avec Madame Oronte. La Branche. Il vous prie d'achever promptement ce mariage :