Page:Lesage - Histoire de Gil Blas de Santillane, 1920, tome 1.djvu/133

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lier de perles, lui dit Camille, et des pendants d’oreilles d’un prix considérable. Oui ; mais, interrompit-il brusquement, si cela vient des îles Philippines, je n’en veux point. Vous pouvez les prendre en assurance, reprit-elle ; je vous les garantis fins. En même temps, elle se fit apporter par la vieille une petite boîte, d’où elle tira le collier et les pendants, qu’elle mit entre les mains de M. l’alguazil. Bien qu’il ne se connût guère mieux que moi en pierreries, il ne douta pas que celles qui composaient les pendants ne fussent fines, aussi bien que les perles. Ces bijoux, dit-il, après les avoir considérés attentivement, me paraissent de bon aloi ; et si l’on ajoute à cela le flambeau d’argent que tient le seigneur Gil Blas, je ne réponds plus de ma fidélité. Je ne crois pas, dis-je alors à Camille, que vous vouliez, pour une bagatelle, rompre un accommodement si avantageux pour vous. En prononçant ces dernières paroles, j’ôtai la bougie que je remis à la vieille, et livrai le flambeau à Fabrice, qui, s’en tenant là, peut-être parce qu’il n’apercevait plus rien dans la chambre qui se pût aisément emporter, dit aux deux femmes : Adieu, mesdames, demeurez tranquilles. Je vais parler à M. le corrégidor, et vous rendre plus blanches que la neige. Nous savons lui tourner les choses, comme il nous plaît, et nous ne lui faisons des rapports fidèles que quand rien ne nous oblige à lui en faire de faux.


CHAPITRE V

Suite de l’aventure de la bague retrouvée. Gil Blas abandonne la médecine et le séjour de Valladolid.


Après avoir exécuté de cette manière le projet de Fabrice, nous sortîmes de chez Camille, en nous applaudissant d’un succès qui surpassait notre attente, car