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Page:Lescalier - Réflexions sur le sort des noirs dans nos colonies, 1789.djvu/70

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mœurs, votre Religion, vos principes constitutionnels; ils sont assujettis à un régime arbitraire duquel rien ne peut les délivrer que l'autorité souveraine qui les y a condamnés: sans amis, sans défenseurs, sans magistrats 2, n'ont-ils pas quelques droits à votre protection? Et n'est-il pas bien certain que le Roi le plus humain & le mieux disposé à bien faire sanctionnera avec empressement, ce que vous ferez en leur faveur. Croyez que nul objet n'est plus digne de vos glorieux travaux que la suppression de la Traite des Noirs, & la résolution prise dès-à-présent de préparer les voies à celle de l'esclavage, par tous les moyens graduels indiqués ici rapidement, ou tels autres, que la propre disposition des propriétaires fera éclore successivement, encouragée par l'autorité souveraine.


2. On peut dire avec vérité que les Nègres sont sans défenseurs & sans magistrats, quoiqu'il y ait une forme de justice en leur faveur; puisque ces Magistrats sont toujours à leur égard juges & parties, puisque (dans les cas très-rares & qu'on évite le plus que l'on peut, où les barbaries des Maîtres occasionnent des procédures en faveur des esclaves) le témoignage des esclaves est sans valeur, & les jugemens sont toujours guidés par le préjugé qui veut que les Blancs ne soient pas compromis; & par conséquent le Blanc coupable est toujours ménagé.

FIN