Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/160

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qu’elles étaient sans doute toutes deux enfermées dans la chambre de Finette, où elles ne manquaient de rien, Riche-Cautèle fit tous ses efforts pour la confirmer dans cette pensée, et lui dit qu’ils iraient trouver ces princesses vers le soir. Elle ne fut pas de cet avis ; elle répondit qu’il fallait les aller chercher quand ils auraient mangé.

Enfin le prince et la princesse mangèrent ensemble de fort bon accord ; et, après qu’ils eurent achevé, Riche-Cautèle demanda à aller voir le bel appartement du château : il donna la main à la princesse, qui le mena dans ce lieu : et, quand il y fut, il recommença à exagérer la tendresse qu’il avait pour elle, et les avantages qu’elle trouverait en l’épousant. Il lui dit, comme il avait dit à Nonchalante, qu’elle devait accepter sa foi au moment même, parce que, si elle allait trouver ses sœurs avant que de l’avoir reçu pour époux, elles ne manqueraient pas de s’y opposer, puisque, étant sans contredit le plus puissant prince voisin, il paraissait plus vraisemblablement un parti pour l’aînée que pour elle ; qu’ainsi cette princesse ne consentirait jamais à une union qu’il souhaitait avec toute l’ardeur imaginable. Babillarde, après bien des discours qui ne signifiaient rien, fut aussi extravagante que l’avait été sa sœur ; elle accepta le prince pour époux, et ne se souvint des effets de sa quenouille de verre qu’après que cette quenouille se fut cassée en cent pièces.

Vers le soir, Babillarde retourna dans sa chambre avec le prince ; et la première chose que vit cette princesse, ce fut sa quenouille de verre en morceaux. Elle se troubla à ce spectacle : le prince lui demanda le sujet de son trouble. Comme la rage de parler la rendait incapable de rien taire, elle dit sottement à Riche-Cautèle le mystère des quenouilles ; et ce