Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/185

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qua-t-elle, je vous avoue que je suis peu accoutumée à porter un habit aussi malpropre que l’est celui-ci, et vous m’auriez fait plaisir de ne vous pas apercevoir de moi. — Il serait impossible, s’écria Charmant, qu’une si merveilleuse princesse put être en quelque lieu, et que l’on eût des yeux pour d’autres que pour elle. — Ah ! dit la reine irritée, je passe bien mon temps à vous entendre ; croyez-moi, seigneur, Florine est déjà assez coquette, elle n’a pas besoin qu’on lui dise tant de galanteries. » Le roi Charmant démêla aussitôt les motifs qui faisaient ainsi parler la reine ; mais, comme il n’était pas de condition à se contraindre, il laissa paraître toute son admiration pour Florine et l’entretint trois heures de suite.

La reine au désespoir, et Truitonne inconsolable de n’avoir pas la préférence sur la princesse, firent de grandes plaintes au roi, et l’obligèrent de consentir que, pendant le séjour du roi Charmant, l’on enfermerait Florine dans une tour où ils ne se verraient point. En effet, aussitôt qu’elle fut retournée dans sa chambre, quatre hommes masqués la portèrent au haut de la tour, et l’y laissèrent dans la dernière désolation, car elle vit bien que l’on n’en usait ainsi que pour l’empêcher de plaire au roi, qui lui plaisait déjà fort, et qu’elle aurait bien voulu pour époux.

Comme il ne savait pas les violences que l’on venait de faire à la princesse, il attendait l’heure de la revoir avec mille impatiences ; il voulut parler d’elle à ceux que le roi avait mis auprès de lui pour lui faire plus d’honneur ; mais, par l’ordre de la reine, ils lui en dirent tout le mal qu’ils purent : qu’elle était coquette, inégale, de méchante humeur ; qu’elle tourmentait ses amis et ses domestiques ; qu’on ne