Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/205

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depuis deux ans ? Ai-je vu d’autres personnes que celles que vous m’avez envoyées ? » Pendant qu’elle parlait, la reine et sa fille l’examinaient avec une surprise sans pareille ; son admirable beauté et son extraordinaire parure les éblouissaient. « Et d’où vous viennent, Madame, dit la reine, ces pierreries qui brillent plus que le soleil ? Nous ferez-vous accroire qu’il y en a des mines dans cette tour ? — Je les y ai trouvées, répliqua Florine, c’est tout ce que j’en sais. » La reine la regardait attentivement pour pénétrer jusqu’au fond de son cœur ce qui s’y passait. « Nous ne sommes pas vos dupes, dit-elle ; vous pensez nous en faire accroire, mais, princesse, nous savons ce que vous faites depuis le matin jusqu’au soir. On vous a donné tous ces bijoux dans la seule vue de vous obliger à vendre le royaume de votre père. — Je serais fort en état de le livrer, répondit-elle avec un sourire dédaigneux : une princesse infortunée, qui languit dans les fers depuis si longtemps, peut beaucoup dans un complot de cette nature ! — Et pour qui donc, reprit la reine, êtes-vous coiffée comme une petite coquette, votre chambre pleine d’odeurs, et votre personne si magnifique, qu’au milieu de la cour vous seriez moins parée ? — J’ai assez de loisir, dit la princesse, il n’est pas extraordinaire que j’en donne quelques moments à m’babiller ; j’en passe tant d’autres à pleurer mes malheurs, que ceux-là ne sont pas à me reprocher. — Çà, çà, voyons, dit la reine, si cette personne n’a point quelque traité fait avec les ennemis. » Elle chercha elle-même partout, et, venant à la paillasse, qu’elle fit vider, elle y trouva une si grande quantité de diamants, de perles, de rubis, d’émeraudes et de topazes, qu’elle ne savait d’où cela venait. Elle était résolu de mettre en quelque lieu