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Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/226

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lant avec précipitation, il descendit par un degré dérobé dans le cabinet des échos, dont la reine avait ôté la clef ; mais le roi en avait une qui ouvrait toutes les portes du palais.

Il la trouva avec une légère robe de taffetas blanc qu'elle portait sous ses vilains habits ; ses beaux cheveux couvraient ses épaules ; elle était couchée sur un lit de repos, et une lampe un peu éloignée ne rendait qu’une lumière sombre. Le roi entra tout d’un coup, et, son amour l'emportant sur son ressentiment, dès qu’il la reconnut, il vint se jeter à ses pieds, il mouilla ses mains de ses larmes, et pensa mourir de joie, de douleur, et de mille pensées différentes qui lui passèrent en même temps dans l’esprit.

La reine ne demeura pas moins troublée ; son cœur se serra, elle pouvait à peine soupirer : elle regardait fixement le roi sans lui rien dire ; et, quand elle eut eu la force de lui parler, elle n’eût pas eu celle de lui faire des reproches ; le plaisir de le revoir lui fit oublier pour quelque temps les sujets de plainte qu’elle croyait avoir. Enfin ils s’éclaircirent, ils se justifièrent, leur tendresse se réveilla ; et tout ce qui les embarrassait, c’était la fée Soussio.

Mais dans ce moment l’enchanteur qui aimait le roi arriva avec une fée fameuse : c’était justement celle qui donna les quatre œufs à Florine. Après les premiers compliments, l’enchanteur et la fée déclarèrent que, leur pouvoir étant uni en faveur du roi et de la reine, Soussio ne pouvait rien contre eux, et qu’ainsi leur mariage ne recevrait aucun retardement.

Il est aisé de se figurer la joie de ces deux jeunes amants : dès qu’il fut jour, on la publia dans tout le palais, et cha-