Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/276

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d’écrire par Becafigue ; il voulait lui obéir, lorsqu’un bruit perçant de trompettes, clairons, timbales et tambours se répandit dans la forêt ; il leur sembla même qu’ils entendaient passer beaucoup de monde proche de la petite maison. Le prince regarda par la fenêtre : il reconnut plusieurs officiers, ses drapeaux et ses guidons ; il leur commanda de s’arrêter et de l’attendre.

Jamais surprise n’a été plus agréable que celle de cette armée ; chacun était persuadé que leur prince allait la conduire et tirer vengeance du père de Désirée. Le père du prince les menait lui-même, malgré son grand âge. Il venait dans une litière de velours en broderie d’or ; elle était suivie d’un chariot découvert : Longue-Épine y était avec sa mère. Le prince Guerrier, ayant vu la litière, y courut, et le roi, lui tendant les bras, l’embrassa avec mille témoignages d’un amour paternel. « Et d’où venez-vous, mon cher fils ? s’écria-t-il ; est-il possible que vous m’ayez livré à la douleur que votre absence me cause ? — Seigneur, dit le prince, daignez m’écouter. » Le roi aussitôt descendit de sa litière, et, se retirant dans un lieu écarté, son fils lui apprit l’heureuse rencontre qu’il avait faite et la fourberie de Longue-Épine.

Le roi, ravi de cette aventure, leva les mains et les yeux au ciel pour lui en rendre grâces ; dans ce moment il vit paraître la princesse Désirée, plus belle et plus brillante que tous les astres ensemble. Elle montait un superbe cheval, qui n’allait que par courbettes ; cent plumes de différentes couleurs paraient sa tête, et les plus gros diamants du monde avaient été mis à son habit. Elle était vêtue en chasseur ; Giroflée, qui la suivait, n’était guère moins parée qu’elle. C’étaient là des effets de la protection de Tulipe ; elle avait