Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/283

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cadet. Il était gracieux, il avait l’esprit gai et réjouissant, la tête admirable, la taille noble, les traits réguliers, de belles dents, beaucoup d’adresse dans tous les exercices qui conviennent à un prince. Il chantait agréablement, il touchait le luth et le téorbe avec une délicatesse qui charmait. Il savait peindre. En un mot, il était très accompli, et, pour la valeur, cela allait jusqu’à l’intrépidité.

Il n’y avait guère de jours qu’il n’achetât des chiens, de grands, de petits, des lévriers, des dogues, limiers, chiens de chasse, épagneuls, barbets, bichons ; dès qu’il en avait un beau et qu’il en trouvait un plus beau, il laissait aller le premier pour garder l’autre : car il aurait été impossible qu’il eut mené tout seul trente ou quarante mille chiens, et il ne voulait ni gentilshommes, ni valets de chambre, ni pages à sa suite. Il avançait toujours son chemin, n’ayant point déterminé jusqu’où il irait, lorsqu’il fut surpris de la nuit, du tonnerre et de la pluie, dans une forêt dont il ne pouvait plus reconnaître les sentiers.

Il prit le premier chemin, et, après avoir marché longtemps, il aperçut un peu de lumière ; ce qui lui persuada qu’il y avait quelque maison proche où il se mettrait à l’abri jusqu’au lendemain. Ainsi guidé par la lumière qu’il voyait, il arriva à la porte d’un château, le plus superbe qui se soit jamais imaginé. Cette porte était d’or, couverte d’escarboucles dont la lumière vive et pure éclairait tous les environs. C’était elle que le prince avait vue de fort loin. Les murs étaient d’une porcelaine transparente, mêlée de plusieurs couleurs, qui représentait l’histoire de toutes les fées, depuis la création du monde jusqu’alors : les fameuses aventures de Peau-d’Âne », de Finette, de l’Oranger, de Gracieuse,