Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/297

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de feu, avec mille devises galantes qui satisfaisaient autant l’esprit que les yeux. Douze chevaux blancs comme la neige, attachés quatre à quatre de front, la traînaient, chargés de harnais de velours de couleur feu en broderie de diamants, et garnis de plaques d’or. La doublure de la calèche était pareille, et cent carrosses à huit chevaux, tous remplis de seigneurs de grande apparence, très superbement vêtus, suivaient cette calèche. Elle était encore accompagnée par mille gardes du corps, dont les habits étaient si couverts de broderie, que l’on n’apercevait point l’étoffe. Ce qui était singulier, c’est qu’on voyait partout le portrait de Chatte blanche, soit dans les devises de la calèche, ou sur les habits des gardes du corps, ou attaché avec un ruban au justaucorps de ceux qui faisaient le cortège, comme un ordre nouveau dont elle les avait honorés.

« Va, dit-elle au prince, va paraître à la cour du roi ton père d’une manière si somptueuse, que tes airs magnifiques servent à lui imposer, afin qu’il ne te refuse plus la couronne que tu mérites. Voilà une noix, garde-toi de la casser qu’en sa présence : tu y trouveras la pièce de toile que tu m’as demandée. — Aimable Blanchette, lui dit-il, je vous avoue que je suis si pénétré de vos bontés, que si vous y vouliez consentir, je préférerais de passer ma vie avec vous à toutes les grandeurs que j’ai lieu de me promettre ailleurs. — Fils de roi, répliqua-t-elle, je suis persuadée de la bonté de ton cœur : c’est une marchandise rare parmi les princes : ils veulent être aimés de tout le monde, et ne veulent rien aimer ; mais tu montres assez que la règle générale a son exception. Je te tiens compte de l’attache-