Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/312

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qu’à lui dire à qui il me confierait pour me porter au château de féerie. « Il faut, lui dit-elle, la porter dans son berceau sur la Montagne de fleurs, vous pourrez même rester aux environs pour être spectateur de la fête qui se passera. » Le roi lui dit que dans huit jours il irait avec la reine, qu’elle en avertît ses sœurs les fées, afin qu’elles fissent là-dessus ce qu’elles jugeraient à propos.

« Dès qu’il fut de retour au palais, il renvoya quérir la reine avec autant de tendresse et de pompe qu’il l’avait fait mettre prisonnière avec colère et emportement. Elle était si abattue et si changée, qu’il aurait eu peine à la reconnaître, si son cœur ne l’avait pas assuré que c’était cette même personne qu’il avait tant chérie. Il la pria, les larmes aux yeux, d’oublier les déplaisirs qu’il venait de lui causer, et que ce seraient les derniers qu’elle éprouverait jamais avec lui. Elle répliqua qu’elle se les était attirés par l’imprudence qu’elle avait eue de promettre sa fille aux fées, et que si quelque chose la pouvait rendre excusable, c’était l’état où elle était ; enfin il lui déclara qu’il voulait me remettre entre leurs mains. La reine, à son tour, combattit ce dessein ; il semblait que quelque fatalité s’en mêlait, et que je devais être toujours un sujet de discorde entre mon père et ma mère. Après qu’elle eut bien gémi et pleuré, sans rien obtenir de ce qu’elle souhaitait (car le roi en voyait trop les funestes conséquences, et nos sujets continuaient de mourir, comme s’ils eussent été coupables des fautes de notre famille), elle consentit à ce qu’il désirait, et l’on prépara tout pour la cérémonie.

« Je fus mise dans un berceau de nacre de perles orné de tout ce que l’art peut faire imaginer de plus galant. Ce n’é-