Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/320

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« Je ne dormis point tant que la nuit dura. Perroquet et Toutou causèrent avec moi ; je m’endormis un peu sur le matin ; et, comme mon chien avait le nez bon, il sentit que le roi était au pied de la tour. Il éveilla Perroquet. « Je gage, dit-il, que le roi est là-bas. » Perroquet répondit : « Tais-toi, babillard, parce que tu as presque toujours les yeux ouverts et l’oreille alerte, tu es fâché du repos des autres. — Mais gageons, dit encore le bon Toutou, je sais bien qu’il y est. » Perroquet répliqua : « Et moi, je sais bien qu’il n’y est point ; ne lui ai-je pas défendu d’y venir de la part de notre maîtresse ? — Ah ! vraiment, tu me la donnes belle avec tes défenses, s’écria mon chien ; un homme passionné ne consulte que son cœur. » Et là-dessus il se mit à lui tirailler si fort les ailes, que Perroquet se fâcha. Je m’éveillai aux cris de l’un et de l’autre ; ils me dirent ce qui en faisait le sujet : je courus, ou plutôt je volai à ma fenêtre ; je vis le roi qui me tendait les bras, et qui me dit avec sa trompette qu’il ne pouvait plus vivre sans moi, qu’il me conjurait de trouver les moyens de sortir de ma tour, ou de l’y faire entrer ; qu’il attestait tous les dieux et tous les éléments qu’il m’épouserait aussitôt, et que je serais une des plus grandes reines de l’univers.

« Je commandai à Perroquet de lui aller dire que ce qu’il souhaitait me semblait presque impossible ; que cependant, sur la parole qu’il me donnait et les serments qu’il avait faits, j’allais m’appliquer à ce qu’il désirait ; que je le conjurais de ne pas venir tous les jours, qu’enfin l’on pourrait s’en apercevoir, et qu’il n’y aurait point de quartier avec les fées.

« Il se retira comblé de joie par l’espérance dont je le flattais ; et je me trouvai dans le plus grand embarras du