Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/466

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les notables de son royaume, après lequel il tira lui-même toute son artillerie, qui consistait en douze arquebuses à rouet et en six carabines à fourchette. On prétend que, durant le souper, sa joie immodérée lui avait fait dire des choses contraires à sa dignité, et que, sur les remontrances de son sénéchal, il avait répondu, en versant un grand verre de vin à ce ministre :

« Grand merci, beau-père ; tu as peut-être raison ; mais l’on n’est pas tous les jours père, au bout du compte : partant, n’en parlons plus, et réjouissons-nous ; car à ma place tu en ferais peut-être de même sagement. »

Caboche ne répliqua rien, et chacun se retira, très content de Leurs Majestés.

Comme le roi était aimé de ses sujets, on fit le même jour et à la même heure des réjouissances par tout le royaume et l’on attendit patiemment le temps des couches : mais l’on fut bien surpris quand, après les neuf mois révolus, la reine, ayant senti de violentes douleurs, redevint tout à coup tranquille. On vit, avec le dernier étonnement, un événement si singulier se répéter de même jusqu’à sept fois, au grand déplaisir du roi, de la reine et de la sage-femme, sa première dame d’honneur.

On ne savait que penser d’une aventure si singulière, lorsqu’un jour le roi, étant dans son fruitier avec son sénéchal, on vint lui dire que la reine venait de donner le jour à un prince et à une princesse ; ils y coururent aussitôt, et ils étaient à peine entrés dans sa chambre, qu’elle mit encore au monde un fils et une fille, qui un moment après furent suivis de deux autres, et enfin d’un dernier garçon, qui rendit à sa mère le calme qu’elle désirait depuis si