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Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/479

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enfin, rien ne leur réussissait, et plus on s’obstinait, pis c’était.

Il y avait de ces espèces de punitions et de récompenses pour tous les âges ; comme, par exemple, de se trouver monté sur un âne, lorsqu’on se croyait sur un petit cheval bien harnaché, ou de s’entendre dire : « Ah ! qu’elle est laide, qu’elle est malpropre ! Que fait-on de cela ici ? » tandis que les autres petites demoiselles étaient bien parées et bien fêtées. Enfin, on ne négligeait rien pour corriger en eux les défauts du cœur et de l’esprit ; et, pour les instruire en les amusant, on leur faisait lire les annales de la féerie, qui contiennent les histoires les plus remarquables de cet empire : telles que sont celles de Javotte, Nabotine, Landore, Jeannette, et plusieurs autres ; car la Fée des champs en faisait grand cas, et elle les rassemblait avec grand soin de tous les royaumes du monde.

Pendant que les enfants de Pétaud et de Gillette demeurèrent dans l’île Bambine, on mit en usage tous les moyens imaginables pour vaincre l’opiniâtreté des trois garçons et la fierté des trois filles ; mais ces défauts, bien loin de diminuer, ne faisaient qu’augmenter avec l’âge. Depuis quatre ans, l’intérêt particulier que la fée gouvernante prenait à ces enfants, joint aux soins, à l’attention et à la patience des mies, n’avait presque rien changé à leur caractère ; ne sentant que trop que leur naturel l’emporterait sur leur éducation, elle n’espéra plus de les changer par les voies simples, et fut obligée d’avoir recours à des remèdes violents, tels que la métamorphose. Cette extrémité était dure, à la vérité ; mais elle était immanquable pour perfectionner les caractères. Les enfants, malgré leurs changements, conser-