Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/487

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— Eh ! que diable voulez-vous que j’attende ? répliquait le roi. Encore si ceux qui ont emporté nos enfants nous avaient laissé une maison à la place, nous n’en serions pas où nous en sommes ; mais sans doute la Gangan y a mis bon ordre, et, si cela continue, nous n’aurons pas plus de maison que nous n’avons d’enfants. »

Et puis c’était de rabâcher contre les fées, et tant et tant, que la bonne Gillette en était impatientée.

La fée, qui avait été témoin pendant quelque temps de ce qui se passait, et qui souffrait des inquiétudes de la reine, se montra enfin à elle sous la forme d’une linotte, dont elle s’était déjà servie une fois, et la tranquillisa, en l’assurant que bientôt elle lui donnerait des preuves convaincantes de son amitié et de sa protection.

Gillette, transportée de joie, la baisa mille fois, après lui en avoir demandé la permission ; elle la pria de rester, et lui promit, pour l’y engager, de lui faire tous les jours, tant qu’elle demeurerait avec elle, un petit gâteau, composé de farine de millet, de chènevis et de lait. La fée y consentit, et ses promesses ne tardèrent pas à s’accomplir.

Le quinzième jour de son arrivée, le roi, qui se levait ordinairement de grand matin, fut étrangement surpris de se voir dans une maison toute neuve, fort commode et très solidement bâtie : je dis une maison, car ce n’était que cela, et point du tout un palais. Il n’y avait ni architecture, ni peinture, ni sculpture, ni dorure. On trouvait au rez-de-chaussée une cuisine, une dépense ou office, une salle à manger, et une salle d’audience ; au premier étage, une antichambre, une chambre, un cabinet, une garde-robe pour la reine, et un grand cabinet en aile pour le roi, dans lequel la biblio-