Page:Lescure - Le Monde enchanté.djvu/525

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qu’à vous. Hélas ! je croyais n’avoir que de l’amitié pour vous ; mais la douleur que je sens me fait voir que je ne pourrais vivre sans vous voir. »

À peine la Belle eut-elle prononcé ces paroles, qu’elle vit le château brillant de lumière ; les feux d’artifice, la musique, tout lui annonçait une fête : mais toutes ces beautés n’arrêtèrent point sa vue ; elle se retourna vers sa chère Bête, dont le danger la faisait frémir. Quelle fut sa surprise ! la Bête avait disparu, et elle ne vit plus à ses pieds qu’un prince plus beau que l’Amour, qui la remerciait d’avoir fini son enchantement.

Quoique ce prince méritât toute son attention, elle ne put s’empêcher de lui demander où était la Bête. « Vous la voyez à vos pieds, lui dit, le prince. Une méchante fée m’avait condamné à rester sous cette figure jusqu’à ce qu’une belle fille consentit à m’épouser, et elle m’avait défendu de faire paraître mon esprit. Ainsi il n’y avait que vous dans le monde assez bonne pour vous laisser toucher à la bonté de mon caractère ; et en vous offrant ma couronne, je ne puis m’acquitter des obligations que je vous ai. »

La Belle, agréablement surprise, donna la main à ce beau prince pour le relever. Ils allèrent ensemble au château. La Belle manqua mourir de joie en trouvant dans la grande salle son père et toute sa famille, que la belle dame qui lui était apparue en songe avait transportés au château.

« La Belle, lui dit cette dame, qui était une grande fée, venez recevoir la récompense de votre bon choix ; vous avez préféré la vertu à la beauté et à l’esprit, vous méritez de trouver toutes ces qualités réunies en une même personne. Vous allez devenir une grande reine : j’espère que le trône